mardi, janvier 21, 2025
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Huile d’argan : l’Algérie veut concurrencer le Maroc

Huile d’argan : l’Algérie veut concurrencer le Maroc

L’Algérie et l’arganier : une stratégie pour tenter de concurrencer le Maroc

L’Algérie a récemment lancé un programme ambitieux visant à planter 200 000 arganiers sur son territoire, dans le cadre d’une stratégie agricole et économique qui place cet arbre au cœur de ses priorités. L’arganier, arbre emblématique du sud marocain, est reconnu pour sa résistance aux conditions arides et pour produire l’une des huiles les plus prisées au monde. Ce projet reflète les efforts déployés par le régime algérien pour s’inspirer des réussites marocaines et tenter de positionner l’Algérie comme un acteur compétitif sur ce marché. « Bon chance… »

Un intérêt stratégique pour l’arganier
L’arganier, dont la culture est historiquement concentrée dans le sud-ouest marocain et dans les régions historiquement marocaines en Algérie. La presse algérienne a multiplié les éloges pour cet arbre qui, selon les chercheurs, trouve des conditions favorables dans certaines zones du Sahara. Cette localisation est attribuée, indirectement, à l’influence climatique liée à la proximité de l’océan Atlantique, une caractéristique géographique propre au territoire marocain.
Le média algérien TSA a salué la résilience de l’arganier face à l’aridité, mettant en avant son potentiel économique grâce à la production d’une huile précieuse, convoitée sur les marchés internationaux. De plus, les experts algériens estiment que l’arganier pourrait jouer un rôle clé dans la lutte contre la désertification, tout en offrant des opportunités économiques aux populations locales.

Des ambitions agricoles impulsées par le régime algérien
En juillet dernier, lors d’un Conseil des ministres, le président Tebboune a déclaré que la culture de l’arganier devait devenir une priorité de la politique agricole algérienne. Ce projet s’inscrit dans une vision plus large visant à diversifier l’économie algérienne, très fortement dépendante des hydrocarbures, et à rivaliser avec le Maroc sur des segments spécifiques tels que l’huile d’argan.
Pour concrétiser cet objectif, des initiatives de plantation massive ont été lancées. À Msila, par exemple, les services des forêts ont récemment achevé la plantation de plus de 300 hectares d’arganiers. Le projet avait débuté en 2023 avec seulement 60 arbres, et les premiers résultats sont encourageants : des signes de floraison et de fructification ont déjà été observés, et une première récolte est attendue entre juillet et août prochains.

Une filière à structurer pour répondre à la concurrence
L’Algérie a également initié des programmes pour multiplier les plants d’arganiers en pépinière et les inoculer avant leur distribution aux agriculteurs. Cette approche vise à garantir une implantation réussie dans des zones variées, incluant des régions où l’arganier n’est pas naturellement présent.
Cependant, la filière reste encore à structurer. Selon le média El Moudjahid, bien que l’huile d’argan soit produite en quantités modestes dans certaines régions comme Mostaganem, son potentiel n’a été reconnu que récemment. Ce manque d’intérêt passé a entravé le développement de la filière, qui doit désormais rattraper son énorme retard face au Maroc, leader incontesté dans ce domaine.

Les défis écologiques et économiques du projet
L’ambition algérienne est louable, mais elle se heurte à des défis majeurs :
Adaptation écologique : Bien que l’arganier soit résilient, il est avant tout endémique au sud-ouest marocain. L’introduction massive de cet arbre dans d’autres zones, y compris les régions sahariennes, nécessite des études approfondies sur l’adéquation des sols, des conditions climatiques, et des ressources hydriques disponibles.
Savoir-faire local : Contrairement au Maroc, où la culture de l’arganier repose sur des siècles de tradition et un savoir-faire transmis de génération en génération, l’Algérie manque encore d’une expertise comparable. La réussite du projet dépendra de la formation des agriculteurs et du transfert de compétences.
Positionnement international : Le Maroc bénéficie d’une reconnaissance mondiale pour son huile d’argan, qui dispose d’une appellation d’origine protégée (AOP). L’Algérie devra donc convaincre les marchés internationaux de la qualité de ses produits et se différencier pour se faire une place sur un marché déjà saturé.
Infrastructures et exportation : La filière nécessite des infrastructures modernes pour la récolte, la transformation, et l’exportation. En outre, il faudra développer un réseau de distribution capable de concurrencer celui déjà établi par le Maroc.

En bref : un projet ambitieux mais semé d’embûches
Le projet algérien de plantation massive d’arganiers est une initiative ambitieuse qui témoigne de la volonté du pays de diversifier son économie et de s’imposer comme un acteur majeur sur le marché de l’huile d’argan. Toutefois, ce projet est encore à ses débuts et devra surmonter de nombreux défis écologiques, économiques, et organisationnels pour atteindre ses objectifs.
Alors que le Maroc reste le leader incontesté grâce à un savoir-faire historique et une reconnaissance internationale, l’Algérie devra redoubler d’efforts pour rattraper son retard. Si les premiers résultats sont prometteurs, seuls des investissements conséquents et une stratégie à long terme permettront à l’Algérie de se positionner durablement sur ce marché hautement compétitif.




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