Des dattes de l’Algérie se retrouvent au Maroc via la Tunisie
Des dattes de l’Algérie se retrouvent au Maroc via la Tunisie
Alors que les dattes algériennes sont désormais rejetées sur le marché marocain en raison des tensions politiques entre les deux pays, certains distributeurs tunisiens ont trouvé une manière habile de contourner cette interdiction, créant ainsi une situation complexe pour les autorités marocaines.
Une stratégie pour contourner l’interdiction
À l’approche du mois de ramadan, période où la demande de dattes augmente considérablement, plusieurs opérateurs tunisiens semblent profiter de l’interdiction d’importer des dattes algériennes au Maroc. Ces opérateurs achètent des dattes en Algérie, où elles sont disponibles à des prix bien plus bas, puis les revendent aux importateurs marocains, mais en les présentant comme des produits en provenance de Tunisie. Pour rendre cette transaction plus convaincante, ils accompagnent ces dattes d’faux certificats d’origine tunisiens. Cette fraude commerciale soulève de nombreuses inquiétudes, d’autant plus que les consommateurs marocains, fortement sensibilisés, ont régulièrement appelé au boycott des dattes algériennes, pour des raisons principalement politiques, mais aussi sanitaires.
Le quotidien Assabah a mis en lumière cette situation, rapportant que de tels stratagèmes sont de plus en plus fréquents et constituent un véritable défi pour les autorités marocaines, déjà mobilisées contre la présence des dattes algériennes sur leur territoire.
La contestation des commerçants de dattes
Face à ce phénomène, l’Association des commerçants de dattes a récemment mené une action de protestation en organisant un sit-in au marché de Derb Milan à Casablanca, l’un des plus grands marchés de dattes du pays. Lors de ce sit-in, les commerçants ont exprimé leurs inquiétudes concernant l’importation de dattes algériennes. Selon eux, en plus des risques sanitaires que ces produits pourraient présenter, cette importation est également en contradiction avec les efforts déployés pour soutenir l’économie marocaine et la production locale. Les manifestants ont appelé le gouvernement marocain à prendre des mesures plus strictes pour empêcher l’entrée de ces dattes sur le marché national. Ils ont également insisté sur la nécessité de privilégier les produits locaux, qui respectent les normes sanitaires et soutiennent l’agriculture marocaine.
La place croissante de la production locale de dattes
Le Maroc, grâce à ses régions oasiennes comme Zagora, le Tafilalet et Ouarzazate, est un important producteur de dattes de qualité. Ces zones sont réputées pour leurs cultures de dattes qui répondent non seulement aux besoins du marché local, mais aussi à une demande croissante. Ces régions disposent d’un potentiel de production élevé, et les producteurs marocains ont su adapter leurs méthodes de culture pour produire des dattes de haute qualité. De plus, grâce à des investissements stratégiques dans les oasis du sud, notamment dans les régions du Tafilalet et du Drâa, la production locale a connu une croissance significative, avec une augmentation de l’offre locale de 15 % en quelques années.
Cette augmentation de la production locale témoigne d’une volonté de rendre le Maroc plus autonome dans le domaine de la production de dattes, réduisant ainsi sa dépendance aux importations et favorisant les produits locaux. Par ailleurs, les prix compétitifs de la production nationale permettent au Maroc de répondre à la demande interne sans avoir à recourir à des importations massives.
La nécessité de soutenir les producteurs marocains
Il devient donc impératif pour le Maroc de continuer à soutenir ses producteurs locaux de dattes, tant en matière d’investissements qu’en matière de protection des marchés. Le soutien à la production locale est d’autant plus crucial que la demande de dattes, notamment en période de ramadan, ne cesse d’augmenter. Selon une source informée proche du secteur, « la production locale couvre déjà une grande partie des besoins du marché, et les importations devraient se limiter à des variétés de luxe ou à des quantités strictement limitées ».
L’objectif est de maintenir l’équilibre entre les besoins du marché et la protection des producteurs locaux, tout en assurant une concurrence loyale et une traçabilité claire des produits vendus dans le pays. Le gouvernement marocain pourrait également renforcer ses contrôles douaniers et multiplier les inspections sanitaires afin de limiter les risques liés à l’entrée de produits non conformes, qu’ils soient d’origine algérienne ou falsifiés comme étant tunisiens.
En bref, la question des dattes algériennes ne se limite pas seulement à une question de commerce, mais touche des enjeux plus larges liés à l’économie nationale, à la santé publique et à la protection des producteurs locaux.