vendredi, avril 25, 2025
InternationalNationalSociété

Maroc souhaite faire revenir ses cerveaux expatriés

Maroc souhaite faire revenir ses cerveaux expatriés

Le Maroc lance un programme inédit pour faire revenir ses talents scientifiques expatriés
À l’heure où la fuite des cerveaux constitue un défi majeur pour de nombreux pays du Sud, le Maroc opte pour une stratégie de reconquête ambitieuse et structurée. Le Royaume vient de franchir un cap décisif en annonçant un programme d’incitation sans précédent destiné à mobiliser les compétences scientifiques marocaines établies à l’étranger. Objectif : les encourager à participer activement au développement de l’écosystème national de la recherche et de l’innovation.

C’est Azzedine El Midaoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, qui a officialisé cette mesure lors d’une déclaration devant la Chambre des conseillers, mardi dernier. Il a annoncé qu’une enveloppe exceptionnelle de 200 millions de dirhams (environ 18 millions d’euros) sera spécifiquement allouée à la mobilisation de la diaspora scientifique marocaine dans le cadre du Programme national d’appui à la Recherche, au Développement et à l’Innovation (PNARDI), pour la période 2025-2028.

Des moyens à la hauteur d’une ambition nationale
Ce montant record, inscrit pour la première fois dans une politique publique dédiée au retour des talents, témoigne d’un changement d’échelle dans la stratégie marocaine en matière de recherche. Jamais auparavant un budget d’une telle ampleur n’avait été consacré à cette problématique. L’initiative s’inscrit dans une vision royale, traduite par des directives du roi Mohammed VI, appelant à mobiliser toutes les ressources humaines, qu’elles soient au Maroc ou à l’étranger, pour renforcer la souveraineté scientifique et technologique du pays.

Le programme prévoit une double dynamique de participation :
d’une part, l’implication à distance des experts marocains installés à l’étranger, à travers des projets collaboratifs, des échanges scientifiques et des mentorats ; d’autre part, leur retour physique au Maroc pour occuper des postes dans les universités, laboratoires, start-ups et centres de recherche.
L’objectif : favoriser les transferts de savoirs, stimuler l’innovation et renforcer l’internationalisation de la recherche marocaine.

Une initiative structurée dans un cadre national ambitieux
Le PNARDI, qui constitue le cadre stratégique de cette initiative, dispose d’un budget global d’un milliard de dirhams, soit l’équivalent de l’ensemble des financements attribués au secteur sur les trente dernières années… multiplié par deux. Cette dotation reflète une volonté politique claire de faire de la recherche un levier du développement durable et de la compétitivité du Royaume.

Ce plan d’envergure est porté par un partenariat tripartite structurant entre le ministère, la Fondation OCP, acteur majeur de l’investissement en recherche appliquée, l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), et le Centre National pour la Recherche Scientifique et Technique (CNRST). Il s’appuie également sur les axes définis dans la vision stratégique 2015-2030 pour l’éducation et sur la loi-cadre n°51.17, consacrée à l’enseignement et à la recherche scientifique.

Les priorités du programme sont à la croisée des urgences nationales et des enjeux mondiaux :
– la gestion durable de l’eau,
– la santé publique,
– la sécurité alimentaire,
– les énergies renouvelables,
– les sciences humaines et sociales,
autant de domaines où l’expertise marocaine de la diaspora peut représenter un levier puissant d’innovation et de rayonnement international.

Un dispositif d’accompagnement à large spectre
Afin d’assurer l’inclusivité et la réussite du programme, le ministère a annoncé la mise en place de mesures d’accompagnement, notamment l’ouverture du PNARDI à l’ensemble des acteurs du système de recherche marocain, qu’ils soient publics ou privés. Cela inclut les universités, les grandes écoles, les centres de recherche, les incubateurs, mais aussi les entreprises technologiques.
Des facilités administratives, un appui logistique et des dispositifs de financement adaptés sont également prévus pour permettre aux chercheurs marocains de l’étranger de retrouver un ancrage professionnel dans leur pays d’origine, tout en valorisant les réseaux qu’ils ont développés à l’international.

Un retour d’investissements humains plutôt qu’un simple retour au pays
En se positionnant ainsi à l’avant-garde des pays du Sud qui valorisent leur diaspora scientifique, le Maroc trace une nouvelle voie vers une souveraineté fondée sur le capital humain et l’excellence académique. Le choix de miser sur les cerveaux expatriés n’est pas simplement un appel au patriotisme, mais bien une reconnaissance de leur potentiel comme vecteurs d’innovation, de transformation institutionnelle et de rayonnement international.

Ce programme n’ambitionne pas seulement de « faire revenir les cerveaux », mais de les reconnecter durablement à l’avenir du pays, en tant qu’acteurs centraux d’une renaissance scientifique marocaine.