vendredi, novembre 22, 2024
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Conjoncture économique au Maroc: les secteurs qui résistent et ceux qui plongent

Conjoncture économique au royaume du Maroc: les secteurs qui résistent et ceux qui sont en galère




La crise sanitaire, et ses effets désastreux sur l’économie nationale, n’affecte pas tous les secteurs de la même manière. Certaines branches d’activité parviennent à tirer leur épingle du jeu. D’autres, en revanche, sombrent un peu plus dans la crise. Tour d’horizon.
Face à la crise, tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Certains entrevoient le bout du tunnel, quand d’autres peinent toujours à sortir la tête de l’eau.
La Direction des études et des prévisions financières (DEPF), relevant du ministère de l’Economie et des finances, le fait d’ailleurs remarquer, dans sa dernière note de conjoncture: «l’examen de l’évolution de la situation économique et financière nationale au cours des derniers mois, fait apparaître des signes de reprise graduelle dans plusieurs branches d’activité, avec, toutefois, une persistance des tensions récessives dans certains secteurs fortement sensibles».




LES SECTEURS QUI S’EN SORTENT…
Parmi les secteurs qui bravent la crise, on retrouve celui des phosphates. Après une légère baisse de sa valeur ajoutée au premier trimestre 2020 (-0,4%), le secteur extractif a affiché un solide rebond de son activité au deuxième trimestre 2020, indique la DEPF.
La production de phosphate roche, principale composante de cette production minière, a ainsi augmenté de 9,1% après un accroissement de 7,4% un an plus tôt.
Pour ce qui est de la production des dérivés de phosphates, elle a progressé au terme du deuxième trimestre 2020 de 13,5%, en lien avec le renforcement de celle des engrais de 16,9%, et de celle de l’acide phosphorique, de 8,9%.
Au final, à la fin du mois de juin dernier, la production de phosphate roche s’est inscrite en hausse de 4,7%, après +2,7% il y a une année, et celle de ses dérivés de 10,5%, après une baisse de l’ordre de -14,8%.
Cette bonne dynamique se retrouve dans les volumes à l’export. Ainsi, les exportations de phosphate roche ont progressé de 11,7% à fin juin 2020. Quant aux ventes à l’étranger des dérivés de phosphates, elles se sont affermies de 17,2%.




Les industries manufacturières sont une autre branche d’activité qui montre des signaux de reprise encourageant. Les machines industrielles et les usines recommencent à tourner, quoique de manière progressive.
Ainsi, le Taux d’utilisation des capacités de production (TUC), un des indicateurs de performance de l’appareil productif les plus suivis, s’est apprécié de 8 points entre mai et juin 2020 à 64%, après une hausse de 9 points un mois plus tôt, sans pour autant atteindre la moyenne des douze derniers mois d’avant la crise liée au Covid-19, soit un taux de 74%.
Cette augmentation aurait concerné l’ensemble des secteurs, informe la DEPF, mis à part celui des industries chimiques et para-chimiques, qui aurait connu une diminution d’un point.
Autre secteur en forme malgré la crise: celui des télécommunications. Sa valeur ajoutée reste dans le vert, enregistrant une performance de +1,1% au premier trimestre 2020, après une amélioration de 1,5% à la même période de l’année précédente. Le secteur reste porté par la forte augmentation de la data mobile durant la période de confinement, favorisant le changement des habitudes de consommation au Maroc. Concrètement, la consommation moyenne par utilisateur devrait franchir un nouveau palier, et le taux de pénétration de la data devrait accélérer sa progression.




Les secteurs de l’agroalimentaire et de l’électronique affichent des améliorations récentes de leurs indicateurs d’activités, comme l’indique l’illustration ci-dessous:





LES SECTEURS QUI SONT EN GALÈRE

Le secteur touristique est incontestablement l’un de ceux qui paient le plus lourd tribut à la crise sanitaire. Sa valeur ajoutée a connu une baisse de 7% au premier trimestre 2020, après une hausse de 2,9%, il y a une année.
Il faut dire que les arrivées touristiques dans le Royaume sont en chute libre. Elles se sont repliées de 63% à fin juin 2020, et celui des nuitées réalisées dans les établissements d’hébergement classés, de 59%. Pour le mois de juin, le nombre des nuitées réalisées s’est établi à 68.199, en retrait de 97% en une année.
Conséquence: les recettes du secteur affichent un retrait significatif, cumulant une baisse de 71,7% au titre du deuxième trimestre 2020, soit une perte de 11,8 milliards de dirhams. Au terme des six premiers mois de 2020, ce recul est de 33,2% ou de 11,1 milliards de dirhams. Une évolution plus favorable, bien que modeste, est attendue durant les prochains mois, souligne la DEPF




Ceci dans le sillage des premiers effets du contrat-programme couvrant la période 2020-2022, signé le 3 août dernier entre les opérateurs touristiques et l’Etat, pour accompagner la relance du secteur et sa transformation.
Le BTP est un autre secteur névralgique de l’économie nationale particulièrement sinistré.
Après une embellie prometteuse en juin, l’activité du BTP a rechuté au cours du mois de juillet, avec une nouvelle baisse des ventes de ciment de 24,1%. Cette baisse s’explique essentiellement, explique la DEPF, par les vacances relatives à la fête de l’Aïd Al-Adha. Une période qui se traduit habituellement par une pénurie de main d’œuvre sur les chantiers.
Toujours est-il qu’à la fin du mois de juillet dernier, les livraisons de ciment sont en recul de 19,5%, après une baisse de 17,8% un mois plus tôt.
Le secteur des transports, enfin, peine lui aussi à sortir la tête de l’eau. La valeur ajoutée du secteur s’est ainsi soldée par un repli de 2,6% au terme du premier trimestre 2020, au lieu d’une performance de +6,4% un an plus tôt.




Le secteur a pâti de l’arrêt quasi-total de l’activité du transport aérien à partir de la mi-mars 2020 et des mesures de restriction de la circulation décrétées au niveau national, à partir du 20 mars 2020, pour faire face à la propagation du nouveau coronavirus.
Pour le deuxième trimestre 2020, ce retrait devrait se creuser davantage, anticipe la DEPF, à cause des mesures restrictives maintenues jusqu’au 10 juin 2020, engendrant l’arrêt quasi-total des activités de transport mixte dans ses différents segments.
Seul petit point positif: cette baisse a été atténuée par le comportement favorable maintenu de l’activité de transport maritime durant ce même trimestre, ayant affiché une hausse de son trafic de 8,1%, après +7,3% au premier trimestre 2020, portant la croissance de ce trafic à +7,5% à fin juin 2020, après +0,9% un an plus tôt.
Pour finir, il est nécessaire de rappeler que ces évolutions conjoncturelles ont été réalisées dans un contexte international fortement touché par les effets négatifs de la crise sanitaire, et que les perspectives de croissance, au niveau mondial, restent entourées de grandes incertitudes.