Le Maroc doit renforcer le « tournant africain » qu’il a engagé
Le Maroc doit renforcer le « tournant africain » qu’il a engagé
Le Maroc devrait renforcer le « tournant africain », selon une étude publiée par la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) et Policy center for the new south (PCNS). En effet, le Royaume pourrait envisager la conclusion de nouveaux accords qui intègrent la préoccupation du « co-développement » et la coopération Sud-Sud.
Le Maroc a entretenu historiquement des relations économiques, politiques et culturelles, avec plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne, en particulier l’Afrique de l’Ouest et les pays francophones de la région.
Cette vocation africaine du Royaume a pris un nouvel élan sous le règne du Roi Mohammed VI, dans le cadre d’une vision à long terme basée sur les principes de la coopération Sud-Sud.
Le Maroc vise, en effet, à s’ériger au rang de hub régional pour le commerce et l’investissement profitant de ses relations avec le Nord (Europe) et le Sud (Afrique), afin de s’assurer ainsi qu’aux pays subsahariens partenaires une meilleure intégration aux chaînes de valeurs régionales et mondiales et un approfondissement du processus de transformation structurelle. « Le Maroc a engagé un ‘tournant africain’ qu’il convient de renforcer.
Ceci en visant la conclusion d’accords qui peuvent être des formes primitives d’accords de co-développement, dès lors que les pays en question sont des pays ‘en développement’ et sont confrontés, dans la conduite de leur développement, à des problèmes comparables à ceux du Maroc ».
C’est ce qu’ont souligné les auteurs de cette étude intitulée « Les implications du mode d’insertion du Maroc dans l’économie mondiale sur sa croissance et sur son développement: Passé et avenir ».
L’étude précise que « le propre de la mondialisation existante est de mettre en concurrence les pays du Sud, en ce qui concerne le choix des implantations des firmes des pays du Nord (y compris Chine) au Sud, certes pour exploiter des gisements ou mettre en culture des terres mais de plus en plus pour y mobiliser une main-d’œuvre salariale à faible coût et peu protégée en termes de droit du travail.
Ceci sans viser de répondre principalement à une demande locale (cela est notamment le cas de la Chine en Afrique, même si ses interventions sont qualifiées d’aides au développement) ».
Cette compétition ne profite pas aux pays du Sud, seulement aux pays dominants du « Nord » (y compris Chine), dès lors que les atouts qu’un investisseur étranger attribue à un pays « en développement » pour s’y implanter (ou y prendre le contrôle d’une entreprise locale, privée ou publique) ne correspondent que partiellement à ceux qui caractérisent un « bon » développement (celui qui est souhaité par la population, dans sa diversité), ont expliqué les auteurs de ladite étude.
Un accord de co-développement est, alors, un accord qui stipule les importations réciproques relevant de choix de spécialisations complémentaires, ont-ils soutenu.
Ils ont précisé que ce n’est pas un accord qui est focalisé sur la réduction des droits de douane, mais sur ce que chacun peut apporter au développement de l’autre, dès lors que chacun ne peut pas tout faire.
D’ailleurs, une partie d’un tel accord doit porter sur la mise en relation des normes de qualification des produits donnant lieu à importations réciproques. Il doit y avoir, dans certains pays africains, une réceptivité pour des normes conformes à la transition écologique indispensable.
Fruit du croisement des réflexions initiées par Abdelali Attioui, Chef de la Division des Modèles de prévision à la DEPF et Adnane Chafiq, Chef de Service des Modèles économiques à la DEPF, avec l’appui du professeur à l’Université Grenoble, Alpes Bernard Billaudot, ce travail analytique s’appuie sur un exercice de modélisation innovant.
Celui-ci rompt avec les modèles usuellement utilisés et dont les résultats ont mis en exergue le mode d’insertion du Maroc à l’économie mondiale, ainsi que les implications qui en découlent sur la trajectoire de développement du pays.
Partant d’une analyse comparative de la dynamique économique observée sur les périodes 1982-1998 et 1998-2018, l’étude établit une grille d’analyse conceptuelle, porteuse de conceptions originales de l’industrialisation, de la croissance économique et du développement.
Cette grille représente une modélisation qui permet d’établir pour une période de moyen terme le tableau des contributions autonomes à la croissance et permet de remonter aux causes de fond de ce qui est révélé par ces tableaux pour les périodes identifiées.