samedi, novembre 23, 2024
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Gestion de la Covid-19 en Algérie: « Il fallait copier le Maroc »

Gestion de la Covid-19 en Algérie: « Il fallait copier le Maroc »




La débâcle de la campagne de vaccination libère les langues des médecins algériens en première ligne dans la lutte contre la pandémie du Covid-19. L’éminent professeur Kamal Bouzid, du principal hôpital d’Alger, explique qu’il fallait tout simplement « copier sur le Maroc » pour éviter ce fiasco.




Voilà une déclaration qui ne plaira pas au régime algérien prompt à parler de complot à chaque fois que le Maroc est cité en référence pour mettre en exergue l’échec de sa politique.

Cette fois, en plus, c’est un éminent professeur de médecine qui est invité sur tous les plateaux de télé en vertu de sa science qui évoque le royaume voisin lequel doit servir d’exemple à l’Algérie. Il n’est pas le seul, d’ailleurs. Beaucoup comme lui, chez les acteurs en première ligne dans la lutte contre la pandémie du Covid-19, critiquent ouvertement la campagne de vaccination lancée par les autorités algériennes.

Lancée uniquement dans le but de respecter la volonté du chef de l’État qui a décrété l’immunisation des citoyens en janvier sans disposer de doses suffisantes et sans mise en place de la logistique nécessaire, la campagne de vaccination algérienne lancée en grande pompe le 30 janvier dernier s’est révélée être un fiasco total. Et chez les professionnels de la santé publique, les langues se délient.




Et les critiques sont acerbes, comme en illustrent leurs nombreuses sorties de spécialistes sur TSA. La situation est tellement chaotique qu’une semaine après le lancement de la campagne, on ne sait même pas le nombre de personnes qui ont été vaccinées par les services de la santé.

La seule certitude, s’il y en a une, c’est que l’Algérie n’a reçu, à date d’aujourd’hui, que 100.000 doses dont 50.000 du vaccin Sputnik V et 50.000 d’AstraZeneka-Oxford, soit des doses nécessaires pour vacciner au plus 50.000 personnes à raison de 2 par patient. Conséquence, la campagne de vaccination algérienne s’est presque arrêtée au bout de quatre jours, selon plusieurs sources.

Parmi les premiers à avoir tiré des boulets rouges sur le régime, figure l’éminent chef du service d’oncologie au Centre Pierre et Marie Curie du CHU Mustapha Pacha d’Alger, Pr Kamel Bouzid. «On gère cette crise d’une manière bureaucratique et on n’a pas su tirer de leçons des erreurs qui ont été commises par d’autres pays.




Notamment la France et l’Italie», souligne-t-il dans un entretien accordé à TSA. Pourtant, selon le Pr Bouzid, des expériences réussies existent. Pour lui, l’Algérie n’avait pas besoins de recréer la roue. «Il fallait copier sur le Maroc qui a pris ses dispositions il y a neuf mois en lançant ses commandes en juillet 2020.

Il y a juste une semaine, ce pays a reçu 2,5 millions de doses du vaccin AstraZeneca», a t-il souligné. Or, en Algérie, comme l’a souligné Dr Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil de l’Ordre des médecins qui revient sur le nombre insuffisant de vaccins, «il y a 50.000 médecins, soit l’équivalent des 100.000 doses réceptionnées.

Les infirmiers sont tout aussi nombreux. Alors, les deux avions qui ont ramené les 100.000 doses de vaccins vont aller rien que pour le corps médical. Et les autres, notamment les personnes âgées?», s’interroge-t-il dans le même site d’information. Conséquence, en quatre jours, le pays ne dispose plus de vaccins.




Pire, aucun planning précis n’a été communiqué quant à l’arrivée des prochaines commandes de vaccins. Outre la faible quantité de vaccins réceptionnée, la campagne de vaccination lancée dans la précipitation a été aussi un chaos. Comparant à l’expérience marocaine, Pr Bouzid avance, «en Algérie, on débarque fin décembre en disant on vaccinera en janvier!».

L’allusion est faite directement au président Abdelmadjid Tabboune qui, de retour d’un séjour médical de plus de 2 mois en Allemagne pour soigner une infection au Covid-19, avait décrété le démarrage de la vaccination en janvier. 

Même son de cloche chez Dr Mohamed Yousfi, chef du service des maladies infectieuses à l’EPH Boufarik, qui met l’accent sur la symbolique de la campagne de vaccination. «Il ne faut pas oublier que c’est une vaccination symbolique qui a commencé juste avant la fin du mois de janvier pour rester dans l’engagement du président de la République», souligne-t-il.




Seulement, l’expérience marocaine prouve que rien ne doit être laissé au hasard quand il s’agit de vies humaines. Le Maroc s’est révélé comme un modèle, même vis-à-vis des pays européens. Après avoir reçu 2,5 millions de doses, permettant de d’immuniser 1,25 million de personnes, le royaume a entamé sa campagne de vaccination.

Au départ, celle-ci a ciblé les professionnels de la santé âgés de 40 ans et plus, des autorités publiques, des enseignants âgés de plus de 45 ans et des personnes âgées de 75 ans et plus. Et 3.000 centres de vaccination ont été réservés à cette campagne. 

Et en plus le fait de s’être positionné très tôt auprès des laboratoires et en participant même aux tests du vaccin de Sinopharm, le Maroc a préparé longuement sa campagne de vaccination, notamment au niveau du levier logistique et en procédant à des simulations pour mieux roder la machine. Et aujourd’hui, les résultats sont exceptionnels. Le Maroc a réussi à vacciner sans aucun couac 463.966 personnes en 10 jours de vaccination.




Et la campagne concerne toutes les régions du royaume avec un accent particulier dans celles qui sont les plus affectées par la pandémie. Fort de son succès, le royaume, dans le cadre d’une solidarité avec les pays africains, compte partager son expertise avec les pays du continent. 

«De la même manière que le Maroc a partagé son expérience avec les pays africains en matière de riposte à la pandémie, il est aujourd’hui prêt à partager son expérience en matière d’organisation et de planification d’éventuelles campagnes de vaccination», a indiqué, dimanche 7 février à Rabat, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des marocains résidant à l’étranger. 

Seulement, si le Maroc a réussi à réaliser des prouesses qui lui ont permis de vacciner environ 2% de la population ciblée, c’est parce qu’en amont, le pays a réussi à s’approvisionner plutôt que tout autre pays du continent, à mettre en place toute la logistique nécessaire.




Mais aussi à préparer les équipes en charge de l’opération et surtout à communiquer sur la campagne de vaccination à travers les médias et les plateformes dédiées à cette opération. Quant à l’Algérie, son problème fondamental réside dans la mauvaise gouvernance, la gestion bureaucratique de la pandémie et de l’opération de vaccination. 

Ainsi, au moment où tous les pays développés et certains pays émergents s’activaient pour se positionner sur les premiers lots de vaccins à produire par les laboratoires lancés dans la recherche de vaccins anti-Covid-19, les dirigeants algériens avaient préféré attendre critiquant ceux qui se positionnent sur les futurs vaccins en les considérant comme des «cobayes».

Le Maroc était en ce temps la cible directe avec sa démarche proactive qui s’est avérée aujourd’hui plus que juste. Les autorités algériennes sont dépassées par les évènements et incapables d’obtenir de vaccins.




Les autorités algériennes essayent depuis quelques jours d’occuper la population avec des annonces sur la prochaine production du vaccin russe Sputnik V en Algérie. Et pour donner un semblant de crédibilité à cette annonce, elles multiplient les contacts avec l’ambassadeur russe en Algérie, allant jusqu’à annoncer le début de la production du vaccin dans deux mois. 

Toutefois, sur ce point aussi, Noureddine Boudissa, directeur général de l’Organisme algérien d’accréditation (Algerac) a douché les annonces des dirigeants algériens sur la capacité du pays à produire le vaccin russe localement.

Il a expliqué que le pays ne dispose pas actuellement de laboratoires spécialisés de Type 4 pour fabriquer le vaccin anti-Covid-19 russe. Pire, il a expliqué qu’il n’y en a même pas un à même d’«homologuer un masque de protection». Alors, la production d’un vaccin n’est que pure chimère.