mardi, novembre 26, 2024
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Maroc-États-Unis: l’Espagne se rend à l’évidence

Maroc-États-Unis: Quand l’Espagne se rend à l’évidence




Si l’on s’en tient à El Mundo, l’Espagne s’est rendu à l’évidence et a admis que le président américain, Joe Biden, maintiendra la décision de son prédécesseur de reconnaître la souveraineté du Maroc sur son Sahara. « C’est l’impression qu’a le gouvernement espagnol, comme l’ont confirmé différentes sources consultées, qui justifie que la décision américaine n’est pas celle de Trump mais bien celle des Etats-Unis », écrit le journal espagnol. « Ils ne voient pas Biden ruiner un tel compromis atteint par son pays ».




Et pour étayer cette vérité le journal met en avant les déclarations de la ministre espagnole des Affaires étrangères Arancha Gonzalez Laya lors d’une récente comparution devant le Congrès espagnol des députés. Laya avait réaffirmé que la position de l’Espagne sur le Sahara « n’a pas changé » et qu’elle est toujours basée sur la « centralité » ou neutralité du processus dirigé par l’ONU pour parvenir à une « solution politique durable et mutuellement acceptable ».

Elle avait également décrit positivement les relations bilatérales entre le Maroc et l’Espagne « un bon partenaire et ami ». Laya a expliqué que les efforts de la diplomatie espagnole vis-à-vis de ce différend territorial visaient à exhorter le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à nommer « dès que possible », un nouvel envoyé dans la région. « Ce poste est vacant depuis 19 mois et nous nous efforçons de parvenir à un consensus sur la personne qui sera l’Envoyé spécial des Nations Unies pour le Sahara occidental », a déclaré la ministre.




El Mundo a rapporté que les déclarations de Laya ont mis en colère les députés espagnols qui soutiennent le Front Polisario séparatiste, accusant son ministère d ‘« abandonner » les Sahraouis. La haute diplomate espagnole n’a cependant pas succombé à la pression. Elle a souligné que les droits de la « population sahraouie » sont soutenus par la coopération internationale. « Nous sommes un pays responsable qui respecte ses engagements », a-t-elle déclaré.

Cette position la ministre espagnole l’a du reste confirmé le 23 février lors d’une réunion virtuelle avec son homologue marocain Nasser Bourita. Au cours de la rencontre, Laya a salué les « excellentes relations » qui unissent l’Espagne au Maroc. Avec Bourita, elle a discuté de la coopération bilatérale dans les domaines économique, culturel et éducatif. Cette rencontre arrivait juste après que la nouvelle administration américaine ait faite une déclaration claire, la veille, sur sa position concernant le Sahara occidental.




Elle a confirmé qu’elle n’avait pas l’intention de revenir sur la décision de l’ancien président Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Maroc sur la région. « Il n’y a pas de mise à jour », avait annoncé le département d’Etat américain, le 22 février. S’exprimant lors d’un point de presse, Ned Price, le porte-parole du département d’État, a parlé favorablement du Maroc et a salué l’accord tripartite selon lequel les Etats-Unis reconnaissaient l’intégrité territoriale du Maroc d’autant plus que le Royaume avait rétabli ses relations avec Israël.

« Nous nous félicitons des nouvelles mesures prises par le Maroc pour améliorer les relations avec Israël et espérons que la relation aura des avantages à long terme pour les deux pays », a déclaré Price. « Nous continuerons à soutenir le processus de l’ONU pour mettre en œuvre une solution juste et durable au différend. Nous soutiendrons également le travail de la mission des Nations Unies (Minurso).




Pour surveiller le cessez-le-feu et prévenir la violence dans la région », a-t-il poursuivi. Quand l’un des journalistes a demandé si soutenir le processus de l’ONU signifie que les Etats-Unis ne soutiendront plus la souveraineté du Maroc sur la région, le porte-parole a souligné: « Non. Cela signifie qu’il n’y a pas de mises à jour ». Ces déclarations montrent clairement que l’administration Biden n’a pas l’intention de revenir sur la décision de Trump concernant la marocanité du Sahara.

Cette déclaration si elle apaise les dernières inquiétudes de nombre Marocains qui craignaient que le nouveau président américain Joe Biden révoque la décision de son prédécesseur, enrage en revanche le lobby algérien à Washington qui ces dernières semaines a mis la gomme histoire de faire pression sur les décideurs américains, un peu comme pour réveiller la chose diplomatique algérienne en léthargie depuis une vingtaine d’années.




Cependant, comme de nombreux experts l’ont prédit, il semble que l’administration Biden soit pleinement consciente de l’importance de maintenir une telle décision historique. L’Exécutif espagnol s’est donc rendu à l’évidence que l’Afrique du Nord ne figurera pas parmi les principales priorités du président américain Joe Biden au cours de ses premiers mois de mandat.

L’establishment américain de sa politique étrangère continue de considérer le conflit du Sahara comme un conflit de faible intensité qui ne constitue pas une menace majeure pour la stabilité de la région ou pour les intérêts américains, malgré de rares pulsions et les menaces timidement sporadiques du Polisario. Le Maroc aux yeux de Washington est un acteur régional stratégique, incontournable et privilégié sur lequel les Etats-Unis s’appuient pour maintenir leurs intérêts dans la région, assurer la stabilité régionale et lutter contre le terrorisme et l’extrémisme.




Les relations entre le Maroc et les Etats-Unis sont parmi les plus fortes d’Afrique. Le Maroc est le seul pays africain à avoir conclu un accord de libre-échange avec les Etats-Unis. Le Maroc est également, avec l’Egypte et la Tunisie, l’un des seuls pays africains que les Etats-Unis considèrent comme un allié majeur, n’intégrant pas l’OTAN. Cette relation particulière offre au Royaume de nombreux avantages en termes de coopération militaire et sécuritaire, ainsi qu’en termes d’achats d’armements, (premier en Afrique avec 8,5 milliards de dollars en 2020).

Les États-Unis savent qu’ils peuvent s’appuyer sur le Royaume pour relever les défis qui menacent l’Afrique du Nord et le Sahel, dont les plus urgents sont le terrorisme, l’extrémisme et le crime organisé. Biden, c’est tout dire, avait mentionné dans sa déclaration virtuelle marquant le 34ème sommet de l’Union africaine la volonté des États-Unis de « reconstruire les partenariats dans le monde et de se réengager avec des institutions internationales comme l’Union africaine ».