vendredi, novembre 22, 2024
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(Vidéos) Hajja Hamdaouia: l’icône de la chanson populaire marocaine, en 5 chansons cultes

(Vidéos) Hajja Hamdaouia nous a quittés: l’icône de la chanson populaire marocaine, en cinq chansons cultes




Les chansons de la diva Hajja Hamdaouia marqueront à jamais le patrimoine musical marocain. Nous vous proposons de réécouter une sélection de 5 de ses tubes, qui ont bercé des générations de Marocains, tous âges confondus.




« Mnin Ana Ou Mnin Nta? », (« D’où je viens, et d’où viens-tu? »)





Dans la plus pure tradition de la Aïta, cet appel du cœur, expression de profondes peines, décrit les écarts que peuvent creuser les appartenances des uns et des autres, de part leur origine ou leur position sociale.

C’est aussi une évocation des souffrances que peuvent créer la solitude, le sentiment d’injustice, voire d’autres trahisons. Hajja Hamdaouia évoque ici des saints et des proches, comme pour les prendre à témoin de sa détresse.

La frustration évacuée, le ton de cette chanson bascule vers une expression plus joyeuse, louant les mérites d’untel ou d’untel. Une façon de dire que malgré tout, des femmes et des hommes de valeur subsistent. Une manière aussi de dire que la joie de vivre l’emporte sur les aléas de l’existence. Cette chanson s’achève d’ailleurs sur un solo de violon (bien évidemment posé sur un genou), substituant au drame la danse et l’esprit de fête.

« Ha El Mhayen, Ha l’fqayess », (« Ô que voici les peines, ô que voici les sources de l’énervement »)
(Titre quasiment intraduisible au français, termes profondément marocains, Ndlr désolé.)





Sur un ton détaché, et même cynique, Hajja Hamdaouia évoque toutes les frustrations, les colères et autres douleurs que peuvent générer les malentendus, vus ici dans une relation de couple. Dans l’indifférence totale d’autrui, cela va sans dire. Au risque pousser les uns et les autres à des positions extrêmes.

En prenant à témoin son public contre «cet homme aux yeux bleus», Hajja Hamdaouia revient sur les extravagances auxquelles est poussée celle qu’il semble avoir trahie, entre volonté de vengeance, et tendance à «tout lâcher», y compris ses valeurs. Alors que le mieux, et le plus simple, aurait été de s’entendre et d’avancer…

« Al Kass Lahlou, (« Ce verre doux, sucré »)





Très connue dans une interprétation en duo entre Hajja Hamdaouia et Hamid Bouchnak, cette chanson est un hymne à la douceur de vivre à la marocaine. Ici, la diva de la Aïta y fait clairement allusion à la cérémonie du plateau de thé, théière et verres qui symbolisent retrouvailles, tendresse et de longues heure à discuter de tout et de rien, la finalité étant d’être réunis, ensemble.

Cette chanson, chantée par Hajja Hamdaouia lors de soirées festives et nocturnes, en très bonne compagnie, pouvait aussi parfois prendre un tout autre sens, beaucoup plus subversif… Mais revenons au sens premier, où, partagé avec l’être aimé ou les siens, et ceux «qui viennent de loin», le verre de thé vert à la menthe devient ainsi le signe de liens solides, de valeurs communes et d’hospitalité.

Ses ingrédients (un thé de qualité, du sucre et de la menthe, ou… autre chose, selon l’assemblée) en disent long sur la joie et le plaisir que peuvent procurer des moments pourtant simples, loin des tracas du quotidien. Un «quality time» qui n’a pas de prix, mais qui est pourtant des plus accessibles.

« Daba Y Ji » (« Il va revenir »)





C’est une chanson construire sous forme d’un dialogue entre celle qui désespère de retrouver l’être aimé, «à la beauté arabe, fort et viril», et une proche qui tente de la consoler en lui assurant qu’«il reviendra». Face aux doutes de l’une, et aux soupçons de coups bas pour la séparer de son être chéri, l’autre invoque l’importance d’avoir foi en le divin, en soi et en l’autre.

Daba Yji est ainsi une véritable traduction des monologues intérieurs que tout un chacun d’entre nous peut mener, tiraillé entre doutes et espoirs, suspicion et confiance, douleur et possible bonheur. Un hommage y est rendu aussi à des saints et des personnalités marocaines connues, et des lieux bien connus de Casablanca, comme le quartier El Fida.

« Hazzou Bina El Alam » (« Portez haut notre étendard »)





S’il est une chanson à laquelle le nom de Hajja Hamdaouia est le plus associé, et que le public réclamait le plus à chacun de ses spectacles et concerts, c’est bien celle-ci, qui se présente en deux temps, et deux tonalités, radicalement opposés. Le premier s’apparente au récit d’une jeune fille, rêveuse, paresseuse, et proie à d’étranges errances spirituelles qui font qu’elle ne sait (littéralement) plus à quel saint se vouer. Le second temps est celui de la transformation.

La jeune fille sans but dans la vie se mue en pasionaria, qui appelle les siens à la mobilisation, à «aller de l’avant» à y croire et «à porter haut le drapeau». «Parce que si les temps sont durs, tout ira pour le mieux».

C’est le fameux «Ila khyabet daba tezyane» («si elle (la vie) s’enlaidit, elle va embellir»). Véritable cri de ralliement, «Hazzou Bina Laâlam» est aujourd’hui un hymne à la solidarité et à l’union des forces pour faire face aux défis de la vie. Un message politique fort, pour un Maroc solide et solidaire. L’invitation à cette danse de la fierté, la «taârida», qu’est la musique de fin de cette chanson en constitue l’apothéose. Et le mot de la fin.