L’Espagne ne participera pas à African Lion 2021 afin de ne pas «légitimer l’annexion du Sahara»
El Pais: l’Espagne ne participera pas aux manœuvres African Lion 2021 afin de ne pas «légitimer l’annexion du Sahara»
Une nouvelle mesure qui s’inscrit dans l’escalade de l’hostilité de l’Espagne en direction du Maroc. L’Espagne a refusé de participer aux manœuvres militaires African Lion 2021, qui auront lieu du 7 au 18 juin au Maroc et ce, «pour ne pas donner de légitimité à l’annexion du Sahara», rapporte le journal El Pais.
Il s’agit des plus importantes manœuvres militaires jamais organisées en Afrique, qui auront lieu du 7 au 18 juin au Maroc, en Tunisie et au Sénégal.
Des exercices stratégiques qui comprendront l’exploitation d’un poste de commandement tactique, l’exécution de voies d’exercice d’entraînement situationnel, des exercices sur le terrain et des tirs d’artillerie. Point d’orgue de ce rassemblement: un exercice combiné et interarmées de tir réel.
Pourtant, le ministère de la Défense espagnol a décliné l’invitation du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom) en invoquant des raisons budgétaires, mais des sources gouvernementales admettent que la raison sous-jacente est qu’une grande partie de ces exercices, auxquels l’Espagne a participé chaque année, auront lieu pour la première fois au « Sahara occidental ».
C’est ce qu’a rapporté le quotidien «El Pais» dans son édition de ce samedi 29 mai. Envoyer des soldats espagnols sur place signifierait légitimer l’occupation marocaine de l’ancienne colonie, précise la même source.
Les forces armées espagnoles ont participé chaque année à ces exercices (qui ont été suspendus en 2020 en raison de la pandémie), dont l’objectif est d’améliorer l’interopérabilité des troupes occidentales avec les troupes africaines dans la lutte contre la menace djihadiste, une question qui revêt une importance cruciale pour l’Espagne, souligne «El Pais».
Cependant, cette année, le ministère de la Défense a décliné l’invitation, affirmant que les ajustements budgétaires l’obligent à donner la priorité aux exercices auxquels il participe, note la même source.
Elle précise que le ministère espagnol n’a même pas envoyé d’observateurs comme l’ont fait 20 autres pays. La raison sous-jacente est que, pour la première fois depuis leur inauguration il y a presque trois décennies, une grande partie des manœuvres se dérouleront dans le «Sahara occidental occupé par le Maroc», selon «El Pais».
Envoyer des soldats à ces exercices signifierait légitimer l’occupation marocaine 45 ans après le départ des dernières troupes espagnoles de l’ancienne colonie, poursuit le journal de gauche, proche de l’exécutif, dirigé par Pedro Sanchez.
Rabat a choisi comme scène les régions de Tan Tan (au sud du Maroc, en face des Canaries, où elle dispose d’un camp de manœuvre construit par les États-Unis).
Mais aussi Mahbes (dans le nord-est du Sahara occidental, à un peu plus de 100 kilomètres des camps de réfugiés sahraouis de Tindouf en Algérie) et Dakhla (l’ancienne Villa Cisneros, au sud-ouest de l’ancienne colonie espagnole), indique «El Pais».
La tenue d’African Lion au Sahara occidental est une étape supplémentaire dans la reconnaissance de sa marocanité, entérinée le 10 décembre dernier par l’administration de Donald Trump et non remise en cause jusqu’à présent par celle de son successeur, Joe Biden, bien qu’elle s’inscrive dans une stratégie à plus long terme, fait observer le journal.
Avec cette nouvelle décision, le gouvernement espagnol apporte une preuve supplémentaire de son hostilité à l’intégrité territoriale du Maroc.