vendredi, novembre 22, 2024
Société

Ces retraités français bloqués au Maroc qui n’ont « pas trop envie de rentrer » en France

Un couple de retraités de Champfleur (Sarthe) est coincé au Maroc depuis la mise en place du confinement dans ce pays. Ils y resteront « au moins jusqu’au 20 mai ».




Depuis le début de la crise du coronavirus, les témoignages de touristes coincés à l’étranger ou sur des bateaux de croisière placé en quarantaine se sont multipliés. Des Français bloqués loin de chez eux qui évoquent souvent leur angoisse et leurs envies de rentrer à la maison.
« Un bonus »
Jean-Claude, 73 ans, et Odile, 72 ans, ne subissent pas la même expérience désagréable. Ce couple de retraités réside habituellement à Champfleur, dans le Nord-Sarthe, près d’Alençon (Orne).




Mais ils vivent la crise du coronavirus et le confinement qui en découle dans leur camping-car, au Maroc, et « pour le moment, tout va bien ! », rassurent-ils.
« On prend ça comme un bonus, un prolongement des vacances. » Les deux Sarthois ont rejoint le Maroc à bord de leur deuxième maison, sur roues, en septembre 2019. Comme ils le font depuis 12 ans maintenant, ils ont passé les six mois d’automne et d’hiver au chaud, dans ce pays du Maghreb qu’ils ont appris à découvrir et à apprécier à sa juste valeur. « On a pas mal bourlingué et on connaît maintenant les coins qui nous plaisent le plus. »




Confinés jusqu’au 20 mai « au moins »
Leur long périple devait s’achever dimanche 12 avril. « On devait prendre un ferry pour l’Espagne, puis rentrer chez nous par la route », explique Odile. Mais les camping-caristes savent depuis plusieurs semaines qu’ils ne retrouveront pas leur maison sarthoise avant la fin du mois de mai. Le Maroc, où vivent 35 millions d’habitants, est le troisième pays d’Afrique le plus touché par le coronavirus, derrière l’Égypte et l’Afrique du Sud.




Au sein du royaume marocain, 3 568 cas de contamination étaient officiellement recensés jeudi 23 avril 2020, dont 155 décès et 456 guérisons.
Depuis la mi-mars, les autorités ont mis en place un confinement « similaire à celui de la France », selon Jean-Claude et Odile Broudin.
On ne peut sortir que pour faire ses courses, aller chercher des médicaments ou retirer de l’argent. Pour cela, nous avons exactement la même attestation de déplacement que le document français. 




Port du masque obligatoire
Seule différence, là-bas, pour toute sortie, le port du masque est devenu obligatoire et le confinement a été prolongé jusqu’au 20 mai. La gestion de la pandémie de Covid-19 par les autorités marocaines est régulièrement citée en exemple.
Car dans ce pays d’Afrique du Nord, il n’y a jamais eu de pénurie de masques. « Nous avons pu acheter très facilement nos masques, mais aussi des visières », confirment Odile et Jean-Claude.
Dès l’annonce des premières mesures, les septuagénaires sarthois ont dû, comme tous les Français présents sur place, s’enregistrer auprès du consulat.




Aux autorités françaises, nous avons simplement indiqué notre identité et l’endroit où nous allions être confinés. On nous a aussi expliqué que deux bateaux allaient partir de Tanger pour Gesnes, en Italie, ou Sète, dans le sud de la France.
Mais le prix des billets était très élevé, près de 1 200 € par véhicule. On a décidé de rester et depuis, nous n’avons plus de nouvelles des autorités françaises. »
Pour eux, direction Tiznit, à 100 km d’Agadir, à l’ouest du pays. « C’est une ville que l’on connaît bien. On savait que nous ne manquerions de rien ici. Au camping municipal, nous avons aussi rejoint avec un couple d’amis qui fait les mêmes séjours que nous, histoire de ne pas être trop seuls », sourit Odile.




« On se sent en sécurité »
Un choix qu’ils ne regrettent absolument pas. Car le camping où est parqué leur confortable véhicule de 7,30 m prend soin de ses occupants.
Une personne va chercher du pain tous les jours pour les 110 camping-cars installés autour de nous. On donne aussi une liste de courses à l’épicerie et nous sommes livrés directement à notre emplacement.
Pareil pour les bidons d’eau. Et deux fois par semaine, nous pouvons aller acheter fruits et légumes sous une petite halle installée spécialement durant le confinement. Tout est fait pour que l’on évite de sortir.




Aussi, les sanitaires, le coin cuisine et même les allées du camping sont désinfectés quatre fois par semaine ! » Rassurant pour ces deux septuagénaires considérés comme des personnes à risques face au Covid-19.
« Ici, on se sent en sécurité. » Seul inconvénient, « on ne peut pas aller à la plage, qui est à 15 km de Tiznit, et il commence à faire chaud : 33° dans le camping-car et 45° à l’extérieur. Mais on aime bien ça, on essaie de profiter du soleil et au final, on n’a pas trop envie de rentrer en France, où le virus semble plus présent. À Tiznit, aucun cas de coronavirus n’a été rapporté. »




« Pas trop envie de rentrer »
Les retraités voyageurs ont aussi de quoi s’occuper. « On a internet, nous pouvons donc échanger facilement et régulièrement avec nos enfants en France et nous pouvons même consulter notre journal local ! On prend des nouvelles de chez nous », assure Odile.
Surtout, ils rencontrent d’autres touristes « français, allemands, belges ou italiens principalement. On papote avec nos voisins en respectant les distances de sécurité et avec notre masque. On partage aussi des repas ensemble, on a même organisé une partie crêpes ! »




« Une première pour tout le monde »

D’après les informations qu’ils ont glanées, 3 000 camping-cars étrangers sont, comme eux, coincés au Maroc. Début avril, 600 touristes avaient pu être rapatriés, dont la plupart était des Français. Mais alors que certains s’impatientent (une pétition a même été lancée pour réclamer un rapatriement), Jean-Claude et Odile, eux, tentent de voir le bon côté des choses. C’est vrai que c’est un peu inquiétant de ne pas savoir quand ni comment nous allons rentrer.
Mais nous avons la chance d’avoir le temps, de ne plus travailler, alors nous patientons et essayons de profiter du soleil autant que possible. » Ce 12e séjour au Maroc restera en tout cas bien gravé dans leur mémoire. « Évidemment, c’est une première pour tout le monde ! » Mais cette situation ne changera rien à leurs projets de voyage pour les prochains hivers. « On reviendra ! Enfin, si nous sommes rentrés d’ici là », rigole Odile.




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