vendredi, novembre 22, 2024
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Gazoduc Maghreb-Europe: l’Algérie a préféré s’automutiler pour nuire au Maroc

Gazoduc Maghreb-Europe (1996-2021): l’Algérie a préféré «s’automutiler» uniquement pour «nuire au Maroc»




Les autorités marocaines ont annoncé que la décision algérienne de condamner le gazoduc «n’aura dans l’immédiat qu’un impact insignifiant sur la performance du système électrique national». En Europe, le fait que le régime algérien utilise la gaz comme arme économique ne passe.

En août, le chef de la diplomatie algérienne était péremptoire : «il y a des considérations qui sont soumises aux traités internationaux » et qui conditionnent l’avenir du gazoduc Maghreb-Europe. La décision (de le maintenir ou non) « relève de la responsabilité de la société nationale Sonatrach et de ses partenaires».

Un ancien-haut responsable algérien, lui, a nié toute instrumentation : «Le ministre algérien des affaires étrangères a dit qu’il s’agissait d’un problème commercial. Il n’a pas voulu, à son niveau, politiser la vente du gaz naturel algérien que ce soit aux Espagnols, aux Marocains ou autres», précise un ancien haut responsable algérien.

Avant, le Maroc avait clarifié sa position en affirmant sa volonté de prolonger le contrat GME. «C’est notre volonté, telle que nous l’avons exprimée verbalement et par écrit, publiquement et dans les discussions privées, toujours avec la même clarté et la même constance», a indiqué, le 19 août, Amina Benkhadra, directrice générale de l’Office marocain des hydrocarbures et des mines.




Automutilation volontaire

Mais le régime algérien a préféré «s’automutiler» et sacrifier une route à bas coûts pour environ la moitié de ses exportations vers Espagne et Portugal uniquement pour «nuire au Maroc», selon le spécialiste Mohammed Masbah.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a mis fin à un faux suspense quand il a «ordonné» le 31 octobre au groupe public Sonatrach de ne pas reconduire le contrat du gazoduc passant par le Maroc et alimentant l’Espagne en gaz, «au vu des pratiques à caractère hostile du royaume» voisin.

«Le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné la cessation des relations commerciales entre Sonatrach et l’Office marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et le non renouvellement de l’accord», selon un communiqué de la présidence diffusé par la télévision publique.

Pour légitimer cette décision inique, le régime algérien a déclaré qu’elle a résulté d’une consultation avec le Premier ministre et des ministres des Affaires étrangères et de l’Énergie, «au vu des pratiques à caractère hostile du royaume (marocain) qui portent atteinte à l’unité nationale», selon le communiqué.




Au Royaume du Maroc, la décision était prévisible. Fin août, l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, invoquant des «actions hostiles» du royaume, une décision «complètement injustifiée», affirme Rabat.

Au début des années 2000, la presse avait coutume de dire qu’il «existe au moins une exception dans les mauvaises relations entre le Royaume du Maroc et l’Algérie : la coopération dans le domaine énergétique» incarnée par «le gazoduc Maghreb-Europe», construit en 2016 avec un «coût total de 2,6 milliards de dollars», «long de 1 400 kilomètres», et parrainé par «l’UE, qui, par le biais de la Banque européenne d’investissement (BEI), a largement participé au financement du gazoduc.»

En 2021, Alger a décidé de ne plus utiliser le pipeline qui transite chez le Royaume du Maroc avec lequel les relations diplomatiques sont rompues depuis fin août.

Les livraisons de gaz algérien à l’Espagne se font désormais exclusivement via le gazoduc sous-marin Medgaz, après la décision d’Alger d’abandonner le Gazoduc Maghreb-Europe.




Le gaz comme arme économique

Depuis 1996, l’Algérie expédie vers l’Espagne et le Portugal environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an via le GME.

Un autre pipeline, le gazoduc sous-marin Medgaz, achemine aussi depuis 2011 du gaz algérien jusqu’à l’Espagne, mais il opère déjà au maximum de sa capacité de 8 milliards de mètres cubes par an, soit la moitié des exportations algériennes annuelles vers ce pays et le Portugal. Récemment, il a connu, selon les autorités espagnoles, quelques perturbations qui ont duré plusieurs longues heures.

Pour les spécialistes, l’Algérie, en plus de se défaire de des obligations (envers l’Espagne et le Portugal) a préférer se priver des revenus internationaux de ces contrats dans sa guerre larvée contre le Maroc. Pour les spécialistes, l’option d’expédier plus de gaz naturel liquéfié par voie maritime n’a pas de sens sur le plan économique.

L’Algérie, qui prétend avoir donné des garanties aux Espagnols, selon Madrid, pour que les importations en provenance d’Algérie ne soient pas compromises par la crise avec le Maroc, a démontré que ces mots ne pèsent pas grand-chose, alors que le gouvernement espagnol a été appelé à réduire sa dépendance à l’Algérie et à diversifier ses sources.