France: la fausse main tendue par Éric Zemmour aux musulmans
Election présidentielle 2022 : la fausse main tendue par Éric Zemmour aux musulmans
S’il est élu, il sera « le président des Français de confession musulmane », assure le candidat d’extrême droite, une rhétorique apparemment nouvelle. Mais il leur demande de « renoncer à la pratique de l’islam », religion qu’il cible toujours comme « l’ennemi ». Comment Eric Zemmour mène-t-il sa « reconquête » contre l’islam, deuxième religion de France, tout en mordant sur la droite républicaine ? Condamné deux fois pour provocation à la discrimination raciale et à la haine religieuse, le candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle tâche d’afficher des gages d’ouverture et d’éviter de nouvelles poursuites judiciaires. « Je tends la main aux musulmans qui veulent devenir nos frères », a-t-il lancé en meeting à Villepinte (Seine-Saint-Denis), le 5 décembre, comme il l’a fait en précampagne cet automne.
Le 30 novembre, jour de sa déclaration de candidature, il avait assuré sur TF1 qu’il « serait évidemment le président des Français de confession musulmane ». Une rhétorique d’apparence nouvelle. En réalité, Eric Zemmour n’a pas varié d’un pouce. « C’est simple à comprendre, j’estime que l’islam est incompatible avec la France et la République. J’ai déjà expliqué ça mille fois », s’impatientait le polémiste fin septembre, sur LCI. Il l’a en effet maintes fois dit et écrit, en cohérence avec ce qu’il développait dans Un quinquennat pour rien (Albin Michel, 2016) : « Il ne peut y avoir d’islam de France ; il peut seulement y avoir une France islamique. » L’essayiste nationaliste considère que l’islam n’est pas qu’une religion, mais « une nation, une loi et une civilisation ».
Il répète presque à chaque interview que « c’est un code juridique et politique ». Il ne fait aucune différence entre la religion musulmane et ses dérives radicales. Islam et islamisme, « c’est la même chose », affirme-t-il le 30 novembre, sur TF1. Dans ses écrits, il dénonce comme erroné et périlleux le « mythe du musulman arraché à son déterminisme ethnique et religieux » ; à ses yeux, « le musulman est un homme politique qui s’ignore » et qui porterait en lui la violence. Pour ces pratiquants, prétendait-il en conférence à Perpignan en 2019, « il faut appliquer les textes, donc il faut nous égorger, c’est un vrai problème. Grâce à Dieu, tous les musulmans ne nous égorgent pas, mais alors ils n’appliquent pas leurs textes. »