jeudi, décembre 26, 2024
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France: rapport de force entre chrétiens et musulmans chez les rappeurs

France : rapport de force entre chrétiens et musulmans chez les rappeurs




Depuis quelques jours, le rappeur Gims est au cœur d’une polémique après avoir dit qu’il ne veut plus qu’on lui souhaite « bonne année » parce que cela est contraire à l’islam. Cette polémique rappelle le rapport de force entre chrétiens et musulmans dans le monde du rap. « Les muslims (musulmans, NDLR), on a la même conviction, arrêtez avec cela. […] S’il vous plaît avec les ‘bonne année’, ‘Nouvel An’, laissez-moi, vous savez bien que je n’ai jamais répondu à ça, et vous continuez à m’en envoyer jusqu’en janvier, février. […] Ce sont des muslims qui m’envoient ça, la plupart du temps. Les frères, ne faites pas ça », a dit Gims, converti à l’islam en 2004. Comme lui, ils sont nombreux ces rappeurs qui, au départ étaient des chrétiens, mais se sont convertis à l’islam.




C’est le cas de Kery James, Youssoupha, Abd al Malik, Kaaris ou encore l’ex-rappeuse Diam’s. « La succession de conversions à l’islam dans le milieu du rap illustre la fragilité des communautés chrétiennes, notamment en milieu populaire », estime auprès du média La Vie Emmanuel Gougaud, curé de la paroisse Sainte-Bernadette de Versailles, ancien responsable des relations œcuméniques de la Conférence des évêques de France, et fin connaisseur du rap. « Que des chrétiens deviennent musulmans, c’est le signe d’une christologie déficiente : ils n’ont pas rencontré Jésus comme Seigneur et Sauveur, ils le disent, et cela nous interpelle sur la transmission de la foi. Par ailleurs, est-ce que nous sommes encore une communauté chrétienne, avec des repères forts et fière d’elle-même ? », interroge-t-il.




Il fait remarquer que l’Oumma islamique sait qui elle est, et elle est fière. Alors que les rappeurs de confession musulmane diffusent l’islam à travers leurs morceaux ou savoir-vivre, ceux de confession chrétienne n’en font pas autant. Selon Gims, souhaiter « bonne année » est haram et défend à sa manière les préceptes de l’islam. « Ce clash illustre plutôt l’ambivalence entre le rap et la religion, juge Emmanuel Gougaud. On fait du sale, on vend de la drogue, on est matérialiste… Mais on s’en veut, car l’islam juge sur la rétribution. Certains développent donc un discours pour se racheter. En outre, ces vedettes du rap passent sans transition du quartier aux cinq-étoiles.




Ils sont déchirés entre cette gloire, cet argent, et le désir d’être une conscience morale. » L’avantage de l’islam sur le christianisme c’est qu’elle est la première religion dans les quartiers populaires d’où sont issus la plupart des rappeurs. « L’islam est la première religion dans les quartiers populaires français, parce que les familles musulmanes le sont chez elles et à l’extérieur. Elles affichent leur foi, parce qu’elles la vivent au quotidien ! Cela touche tous les aspects de leur existence. En toute humilité, nous devons saluer leur profession de foi », estime François Furtade, pasteur évangélique et vétéran du rap sous le nom de scène le Patriarche, du groupe Leader Vocal, formé en 1991.