L’Algérie irritée par les propos de l’ambassadeur du Maroc sur la Kabylie
L’ALGÉRIE IRRITÉE PAR LES PROPOS DE L’AMBASSADEUR DU MAROC SUR LE PEUPLE KABYLE
Après qu’Omar Hilale s’est interrogé pourquoi l’Algérie «ne permet pas au Peuple Kabyle de s’autodéterminer», le voisin de l’Est a mandaté Amar Belani pour répondre au diplomate marocain.
Pour tenter de titiller le royaume, le diplomate algérien a évoqué pour sa part «l’autodétermination» du «peuple du Rif».
Les travaux du séminaire régional du Comité spécial de la décolonisation (C-24) pour les Caraïbes, tenus à Castries, capitale de Sainte-Lucie ont été marqués par un nouvel accrochage entre les ambassadeurs représentants permanents du Maroc et de l’Algérie.
Toutefois, les déclarations de l’ambassadeur Omar Hilale, qui a notamment évoqué le droit du peuple kabyle à l’autodétermination, ont particulièrement provoqué des grincements de dents à Alger.
Lundi, l’envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb au ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a ainsi été mandaté pour répondre au diplomate marocain.
Amar Belani a ainsi pointé, dans une déclaration à l’agence APS, des propos «ridiculement irresponsables (…) qui visaient à porter atteinte à l’unité nationale du peuple algérien».
«L’incorrigible Représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies a récidivé», a poursuivi le responsable algérien, en soutenant que «l’unité du peuple algérien a été forgée dans le creuset ardent de notre glorieuse guerre de libération nationale».
«Naturellement, lui dont l’État moderne [le Maroc, ndlr] a été fondé par le résident général du protectorat français, le maréchal Lyautey (dont la statue équestre est toujours à Casablanca) ne peut pas comprendre la conscience patriotique qui anime farouchement le peuple algérien dans la défense de son unité nationale et de l’intégrité territoriale de son pays», a-t-il abondé.
Dans sa tentative de titiller le Maroc, le diplomate algérien va même jusqu’à rappeler les propos attribués, en 2014, à l’ambassadeur de France auprès des Nations unies.
«L’état de vassalité avéré de son pays (…) le disqualifie, à tout jamais, de proférer de telles contre-vérités historiques et autres stupidités crasses à l’endroit du peuple et de la nation algérienne», revient-il à la charge.
Il joue la carte du Rif marocain, qui aurait fait l’objet «d’une répression féroce et dont les leaders innocents croupissent dans les cachots moyenâgeux du royaume, soumis aux pires sévices et humiliations».
L’occasion pour le diplomate algérien de mettre en avant le «rêve» et «l’espoir ardent» des Rifains qui aspirerait «de pouvoir, un jour, s’autodéterminer dans le prolongement de la légendaire République du Rif».
Pour réagir à «l’obsession maladive» du représentant permanant de l’Algérie auprès de l’ONU au sujet du «droit du peuple sahraoui à l’autodétermination», Omar Hilale a dénoncé la «schizophrénie» de l’Algérie.
Le diplomate marocain s’est étonné que le voisin de l’Est demande «l’autodétermination pour les 20 000 personnes» qu’elle «séquestre» dans les camps de Tindouf, mais la dénie «à un peuple de 12 millions d’habitants».
«Le peuple kabyle a subi trois colonisations : ottomane, puis française et maintenant algérienne», a indiqué Omar Hilale, pointant «l’occupation la plus longue de l’histoire de l’Afrique.
Et de s’interroger pourquoi l’Algérie «ne permet pas au Peuple Kabyle de s’autodéterminer, de s’exprimer et de choisir librement son destin, comme elle le revendique pour les populations des camps de Tindouf».
Après six années de modération, les officiels marocains ont fait à nouveau appel à la carte de la Kabylie, en juillet 2021.
Durant le débat général de la réunion ministérielle du Mouvement des Non Alignés (MNA), tenu en format virtuel, Omar Hilale avait plaidé les revendications du peuple kabyle.
De quoi irriter l’Algérie qui avait réagi par communiqué avant de rappeler son ambassadeur au Maroc pour «consultation».
Son ambassadeur à l’ONU avait même adressé une lettre adressée aux membres du Conseil de sécurité, dénonçant le «soutien clair et explicite du Maroc pour ce qu’il prétend être le droit à l’autodétermination du peuple kabyle».
Un mois plus tard, l’Algérie avait annoncé la rupture de ses relations avec le Royaume du Maroc.