mardi, décembre 3, 2024
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Maroc: 6 grands projets terminés en attente d’inauguration

MAROC: 6 GRANDS PROJETS TERMINÉS EN ATTENTE D’INAUGURATION

Lancés en 2014, 2015 et 2017 à Tanger, Rabat et Casablanca, plusieurs projets d’envergure devant renforcer l’offre médicale et culturelle de leurs villes respectives sont achevés depuis des mois mais attendent toujours leur entrée en service. Liste des 6 grands projets fermés en attendant l’inauguration.

Au Maroc, plusieurs grands projets lancés par le roi Mohammed VI dans les domaines de la culture, de la santé et de l’équipement, prêts depuis des mois, attendent toujours d’être inaugurés. Si certains ont fait l’objet de plusieurs annonces pour une imminente entrée en service, plusieurs ont été réalisés avec des dépassements de budget alors que d’autres ont connu récemment des travaux de finition. L’euphorie des annonces a ainsi laissé place à l’impatience puis à la déception du public.




1. LE CENTRE HOSPITALIER UNIVERSITAIRE DE TANGER

En septembre 2015, le roi Mohammed VI avait procédé au lancement des travaux de construction du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Tanger.

Un projet d’envergure mobilisant une enveloppe budgétaire de 2,33 milliards de dirhams et qui devrait offrir une capacité dépassant 771 lits, avec notamment 23 salles opératoires un laboratoire de biologie médicale et un service de médecine nucléaire.

Des sources s’attendaient déjà, en septembre 2020, à une ouverture dans un «délai record», alors que l’établissement annonçait être en «phase finale d’équipement».

La même année, un premier conseil d’administration du CHU s’était tenu.

En 2021, des praticiens internes à Tanger s’impatientaient de voir le nouvel établissement ouvrir ses portes.

Toutefois, en juillet dernier, un appel d’offres a été lancé pour les travaux d’achèvement du projet de construction pour un coût 44,5 millions de dirhams et un délai d’un mois.




2. LE GRAND THÉÂTRE DE RABAT

Conçu par la célèbre architecte irako-britannique Zaha Hadid, figure marquante du courant déconstructiviste, le Grand Théâtre de Rabat en est le deuxième exemple.

C’est en octobre 2014 que les travaux de ce bijou architectural ont été lancés par le roi Mohammed VI. Situé au cœur de la Vallée du Bouregreg, dans la continuité de la Tour Hassan et du Mausolée Mohammed V, le Grand Théâtre de Rabat devait être réalisé dans un délai de 40 mois sur un terrain de 7 hectares, pour comprendre un théâtre de 1 800 places, un amphithéâtre extérieur d’une capacité de 7 000 places, un auditorium (1 900 sièges), et toutes les dépendances requises, le tout sur une superficie construite de 25 500 m².

Réalisé par l’Agence pour l’aménagement de la Vallée de Bouregreg, le budget d’investissement global annoncé était de 1,69 milliards de dirhams.




Toutefois, des sources avaient annoncé, depuis 2018, que ce budget a été dépassé pour atteindre presque le double.

Alors qu’il a été érigé grâce à la collaboration de plusieurs parties prenantes, le Grand Théâtre de Rabat était déjà attendu en 2017 avant que cette date ne soit renvoyée aux calendes grecques. Le retard de livraison a été d’abord expliqué par un «cafouillage» entre ces intervenants.

En mars dernier, Bouregreg Culture, filiale de l’Agence pour l’aménagement de la Vallée de Bouregreg a lancé un appel d’offre relatif à la sécurité incendie de l’édifice.

Des sources concordantes assurent toutefois que le théâtre serait prêt depuis au moins six mois.

Interrogé sur les raisons du retard, Omar El Hyani, élu FGD au conseil de la ville de Rabat dit n’en avoir «aucune idée».




«Il y a d’autres projets, plus petits» et de proximité, qui sont également concernés mais «sur lesquels même nous, en tant qu’élus, nous n’avons pas de visibilité», ajoute-t-il.

«Les projets étant menés par Rabat Aménagement, à part celui du Grand théâtre, nous avons demandé l’activation de l’article 44 qui permet d’ajouter des points à l’ordre du jour de la session d’octobre, afin de demander de discuter les projets de la SDL avec la comparution de son directeur général. La maire a refusé cette demande, sans même justifier ce refus», dénonce-t-il.

«Le conseil de Rabat contribue au projet ‘Rabat, ville des Lumières’ par un budget de 720 millions de dirhams pour lesquels le conseil a emprunté 600 millions de dirhams sur 15 ans. Malgré cela, nous élus sommes dans le black-out total», dénonce-t-il.




3. LE GRAND THÉÂTRE DE CASABLANCA

Comme Rabat, le Grand théâtre de Casablanca se fait attendre.

Alors que les travaux pour sa construction avaient démarré en 2014, le projet avait germé en 2008, avec la signature d’une convention entre la Fondation des arts vivants (FAV), présidée par Noureddine Ayouch et la ville de Casablanca pour réaliser notamment la phase études.

Finalement, les travaux démarrent pour un budget global de 1,44 milliard de dirhams.

Le bâtiment abritera une salle de spectacle de 1 800 places, un théâtre de 600 places, une salle de musique pour 300 personnes, de petites salles de répétition, quatre salles de réunion, des loges, des espaces techniques et des commerces.

La livraison était initialement prévue fin 2017 avant d’être reportée à juin 2018 puis à plusieurs dates ultérieures.

À rappeler qu’en octobre 2021, Nabila Rmili, fraîchement élue à la tête du Conseil de la ville de Casablanca, avait annoncé une ouverture «dans les semaines qui viennent» du Grand théâtre de Casablanca.

En mai dernier, le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid a reconnu dans des déclarations médiatiques qu’«il reste 1% à 2% des travaux à terminer avant l’ouverture du théâtre prévue dans les plus brefs délais».

Pourtant, sur son site, la SDL Casa Aménagement indique que le projet est «achevé».




4. LE PARC ZOOLOGIQUE AÏN SEBAÂ

C’est également en 2014 que le conseil de la région du Grand Casablanca approuvait le projet de réhabilitation du zoo de Aïn Sebaâ, héritage de plus de 80 ans et faisant partie du patrimoine casablancais.

Dans le cadre d’un projet confié à Casa Aménagement, le nouveau parc devrait être constitué d’un espace boisé de 5 hectares, d’un zoo de 2,5 hectares et d’un parc de jeux de 2,5 hectares, le tout pour une enveloppe budgétaire de 250 millions de dirhams.

Fermé la même année pour les travaux, le Parc Zoologique Aïn Sebaa n’a plus rouvert ses portes.

Son inauguration, annoncée en avril 2019 puis en mars 2022, a été encore reportée.

Ces dernières semaines, alors que le conseil de la ville n’a donné aucune date pour cette ouverture au public, une polémique était née, signe d’une impatience et d’un malaise chez les Casablancais, autour des prix des tickets, fixés à 70 dirhams pour les adultes et 50 dirhams pour les enfants, qui ont été finalement revus à la baisse.




À noter que l’ouverture en mars a été reportée pour la mise en place d’une clinique vétérinaire, chargée du suivi de la santé et la sécurité des animaux, infrastructure ayant échappé aux concepteurs du projet.

«C’est un fléau qui touche Casablanca sur d’autres plans. Dans la médina, il y a aussi la Maison de l’Union, qui a été restaurée il y a cinq ans et qui est toujours fermée. Il y a aussi des équipements partout dans la ville», déplore Rabea Ridaoui, présidente de l’association Casamémoire.

«Il y a aussi La Casablancaise qui a été restaurée et qui doit ouvrir bientôt. Ce sont des projets importants pour la vie culturelle de la ville», insiste-t-elle.

La présidente de Casamémoire dit ne pas connaître «la raison ni l’objectif» de ces retards.

«C’est bien qu’il y ait eu des travaux structurants de rénovation et de restauration, qu’il y ait cette volonté de faire revivre le zoo, l’Eglise du Sacré cœur ainsi que d’autres projets et d’avoir un grand théâtre pour la ville. Tout cela est positif», indique-t-elle, mais estime qu’il s’agit «de retards que seuls les donneurs d’ordres de la ville peuvent expliquer».




5. LE PALAIS DES ARTS ET DE LA CULTURE DE TANGER

Les Tangérois attendent aussi l’ouverture du Palais des arts et de la culture de Tanger.

Ayant nécessité une enveloppe budgétaire globale de près de 210 millions de dirhams, l’édifice serait prêt depuis deux ans mais attend toujours d’être officiellement inauguré.

Surplombant la zone côtière de Malabata, le complexe est construit sur 24 000 m² et offre près de 1 800 places, avec notamment deux salles de spectacle de 200 places chacune, des ateliers et des studios.

Le projet a été lancé en mars 2014 par le roi Mohammed VI pour un coût global de 100 millions de dirhams.

Dans une interview publiée en 2020, Rachid Amahjour, directeur du nouveau Palais de la culture et des arts, avait annoncé une «ouverture officielle prévue pour la prochaine saison de la culture et des arts 2020-2021».

Une saison plus tard, le complexe culturel tangérois est toujours fermé. Aïcha Mjahad (PJD), ancienne présidente de la Commission des affaires sociales, culturelles et sportives et membre de l’actuel conseil de la commune de Tanger reconnaît que le Palais des arts et de la culture était «l’un des projets d’envergure de Tanger lorsque le PJD dirigeait la ville».

«La question (de la non ouverture, ndlr) est certes préoccupante mais elle n’a pas été abordée en commission ou au sein du conseil», ajoute-t-elle en disant croire que l’ouverture serait suspendue à une «question de protocole».




6. LA NOUVELLE GARE ROUTIÈRE DE RABAT

De leur côté, les Rbatis et visiteurs de la capitale attendent, depuis 2020, l’inauguration de la nouvelle gare routière de Rabat.

Située à l’entrée de la ville et mobilisant une assiette foncière de plus de 8 ha, avec une surface couverte de 21 617 m², les travaux du projet avaient été lancés par le roi Mohammed VI en octobre 2017, pour une enveloppe budgétaire de 160 millions de dirhams, hors aménagements extérieurs.

Finalement, la nouvelle gare a nécessité 200 millions de dirhams, dont 160 millions de dirhams assurés par la mairie et 40 millions de dirhams par le ministère de l’Équipement.

Rabat Région Aménagement, qui assure la maîtrise de cet ouvrage, avait promis une concrétisation du projet dans un délai de 36 mois.

Elle avait promis aussi une garde dotée d’équipements conformes aux exigences internationales en matière de sûreté, de sécurité et de qualité des services, avec 46 quais pour autocars, un parking pour stationnement courte durée (24 places) et un autre pour stationnement longue durée (20 places), ainsi que des espaces de restauration et d’attente.

C’est donc depuis deux ans que le trafic à l’intérieur de la ville attend d’être décongestionné avec l’inauguration de cette nouvelle gare qui se fait attendre.