vendredi, novembre 22, 2024
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Véhicules exportés : monopole du Maroc de et l’Afrique du Sud

Industrie automobile : le Maroc et l’Afrique du Sud monopolisent les exportations de véhicules

Le Maroc et l’Afrique du Sud dominent le marché des exportations de véhicules, tandis que la Tunisie se concentre principalement sur l’exportation de composants. En 2023, ces trois pays ont cumulé des exportations de plus de 31 milliards de dollars, intégrant davantage le continent africain dans la chaîne de valeur de l’industrie automobile mondiale.

L’industrie automobile en Afrique continue de connaître une croissance régulière, avec une production de 1,17 million d’unités en 2023, soit une augmentation de 14,5% par rapport à 2022. Cette production a même surpassé celle des ventes de véhicules neufs, qui a diminué de 2,4% en 2023 pour atteindre 1,05 million d’unités. Cela indique que cette industrie est principalement axée sur l’exportation.

Selon les statistiques, plus de 80% des véhicules légers produits en Afrique sont destinés à l’exportation, principalement vers le marché européen, qui est de loin le principal bénéficiaire des exportations de l’industrie automobile africaine. Au Maroc, environ 90% de la production de véhicules est destinée à l’exportation.

En plus des véhicules, les pays africains sont également de grands fournisseurs de composants pour l’industrie automobile mondiale. Cela est en grande partie dû aux délocalisations effectuées par les multinationales, qui cherchent à bénéficier de coûts de production plus faibles et de la proximité avec les grands constructeurs européens. Alors que le Maroc et l’Afrique du Sud sont les seuls pays africains à exporter des véhicules, la Tunisie s’ajoute à ces deux pays en tant qu’important exportateur de composants.



LE MAROC

Bien que l’Afrique du Sud se hisse en tête en tant que premier producteur de véhicules en Afrique, le Maroc est le leader incontesté en matière d’exportations de véhicules et de pièces automobiles sur le continent. En 2023, la production automobile du Maroc s’élevait à 535 825 véhicules, dont 471 950 étaient des voitures particulières.

Les exportations totales du Maroc, qui englobent celles de Renault Maroc (343 652 unités) et les estimations concernant les expéditions de Stellantis, devraient approcher les 470 000 unités. C’est nettement plus que les 399 594 unités expédiées par l’Afrique du Sud la même année.

Le value des exportations de l’industrie automobile (y compris les voitures et les pièces automobiles) a atteint un record de 141,76 milliards de dirhams (soit 14,3 milliards de dollars) en 2023, une forte augmentation de 27% par rapport à 2022.

Par conséquent, l’industrie automobile marocaine reste le principal secteur exportateur du pays, dépassant largement les secteurs de l’agriculture et des phosphates. Les exportations de cette industrie représentent 33% des exportations totales du royaume en 2023, contribuant ainsi à la réduction du déficit commercial du pays.

L’industrie de la construction automobile, le câblage et les motorisations sont les trois principaux segments qui constituent les exportations de ce secteur. Renault Maroc a assuré la majeure partie des exportations de voitures, expédiant 343 652 unités en 2023.

Enfin, si la plupart des véhicules et des pièces automobiles produits au Maroc sont exportés dans le monde entier, l’Union européenne reste la principale destination. Les exportations vers la France, l’Allemagne et l’Italie, où sont situés les principaux groupes automobiles européens, témoignent de l’intégration réussie du Maroc dans la chaîne d’approvisionnement de ces constructeurs.

Quant aux perspectives d’avenir, le Maroc prévoit de renforcer encore sa position dans ce secteur qui est devenu le pilier de son économie et de ses exportations. Les projections actuelles estiment que les exportations pourraient atteindre 155 milliards de dirhams cette année. L’objectif est d’atteindre une capacité de production d’un million de véhicules dès 2025, ce qui permettrait d’atteindre 200 milliards de dirhams en exportations l’année suivante.



L’AFRIQUE DU SUD

En tant que premier producteur de véhicule sur le continent africain, l’Afrique du Sud a exporté un total de 399 594 véhicules en 2023, augmentant de 13,6% par rapport à 2022. Cependant, le Maroc a devancé l’Afrique du Sud en termes de volume d’automobiles exportées.

Les exportations de l’Afrique du Sud en termes de valeur, incluant les véhicules et les composants, se sont chiffrées à 270,8 milliards de rands, soit environ 14,86 milliards de dollars, en 2023, une augmentation de 19,1% par rapport à l’année précédente.

Ces exportations représentent 14,7% du total des exportations sud-africaines. Plus précisément, les exportations de voitures ont atteint 203,9 milliards de rands en 2023, soit une augmentation de 29,94%. De ce fait, 65,5% de la production de voitures légères de la nation a été exportée en 2023.

Les véhicules exportés, qui incluent des marques populaires comme Volkswagen, Mercedes, Toyota, BMW et Ford, ont essentiellement été orientés vers l’Union européenne et le Royaume-Uni qui ont capté 75,5% des exportations de véhicules produits en Afrique du Sud.

Malgré une léger récession des exportations de composants automobiles évaluées à 70,3 milliards de rands, l’industrie des composants automobiles reste essentielle au secteur automobile sud-africain avec 198 fournisseurs, dont 75% sont des filiales de sociétés multinationales étrangères.

En 2023, ce secteur a employé 85 560 personnes, comparativement à 33 509 dans l’industrie de la construction automobile. Enfin, l’Afrique du Sud a exporté des produits automobiles vers 152 pays en 2023, et l’Union Européenne reste le principal client de l’industrie automobile sud-africaine avec une valeur totale de 147,1 milliards de rands. Le secteur continue aussi à privilégier l’exportation de kits semi-démontés à destination de pays africains où certains constructeurs mondiaux ont établi des unités d’assemblage.



LA TUNISIE

Mis à part le Maroc et l’Afrique du Sud, la Tunisie est le seul autre pays du continent africain à jouer un rôle significatif dans l’industrie automobile, bien qu’il soit concentré sur l’exportation de composants plutôt que de véhicules complets.

Ces composants comprennent des fils et câbles, des pièces de rechange, des châssis et carrosseries, et des composants de moteurs, ainsi que des textiles et cuirs et des caoutchoucs. Le secteur compte quelques 250 fournisseurs et équipementiers, nombre d’entre eux étant des filiales de multinationales de différentes nationalités.

En 2023, les exportations automobiles de la Tunisie s’élevaient à 2,5 milliards de dollars, représentant plus de 16% du total des exportations du pays. En outre, le secteur contribue pour 4% au Produit intérieur brut du pays et emploie plus de 95 000 personnes.

Au niveau de la destination de ces exportations, la majeure partie est destinée à l’Europe, l’Allemagne en étant le principal récipiendaire. Parmi les nombreuses entreprises opérant dans ce secteur, on trouve des noms bien connus comme Faurecia, Valeo et MGI Coutier.

Pour stimuler davantage le secteur, le gouvernement tunisien a mis en place un pacte de partenariat public-privé avec pour objectif de doubler les exportations à 14 milliards de dinars d’ici 2027. Pour y parvenir, la Tunisie compte sur l’amélioration de son environnement des affaires, la qualité de ses ressources humaines et le soutien des investissements étrangers.

En bref…

En conclusion, il est important de noter que les trois nations africaines – le Maroc, l’Afrique du Sud et la Tunisie – qui sont des exportateurs de véhicules et/ou de composants automobiles, sont confrontées aux défis de la décarbonisation. C’est un enjeu crucial et ils doivent s’adapter à la transition vers une mobilité plus respectueuse de l’environnement pour éviter de nuire à leurs secteurs d’exportation. Ceci est particulièrement pertinent pour le marché européen qui a imposé une taxe sur les produits ayant une empreinte carbone élevée et qui envisage de mettre fin à la vente de véhicules neufs à moteur à combustion (ou moteur thermique) à partir de 2025.