Un rapport sur la situation socioéconomique des réfugiés au Maroc
Un rapport sur la situation socioéconomique des réfugiés au Maroc
Entre novembre et décembre 2022, une étude sur la situation socioéconomique des réfugiés au Maroc a été menée conjointement par le Haut Commissariat au Plan (HCP) et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR). L’étude, basée sur un échantillon de 600 ménages de réfugiés et publiée un an et demi plus tard, fournit un aperçu de leurs conditions de vie, de leur intégration économique, de leur accès aux services sociaux et de leurs défis quotidiens.
L’étude du HCR et du HCP indique que 82% des chefs de ménages de réfugiés au Maroc étaient des hommes lors de la réalisation de l’étude. La majorité d’entre eux se situe dans la tranche d’âge de 18 à 44 ans, qui constitue 82,6% de cette population.
Les Syriens (31,9%) dominent parmi ces chefs de ménages, suivis des Centrafricains (19%), des Yéménites (16,5%), des Sud-Soudanais (8,1%) et des Ivoiriens (4,5%). Les autres nationalités africaines et arabes sont moins représentées.
Plus d’un tiers des Ivoiriens (35,3%) n’ont aucun document prouvant leur nationalité, tandis que la majorité des autres nationalités en ont. Ainsi, 99,2% des Yéménites, 99% des Syriens, 96,1% des Sud-Soudanais et 94,9% des Centrafricains possèdent des documents d’identité.
Concernant l’état matrimonial des réfugiés, plus de la moitié des chefs de ménages sont célibataires, une tendance principalement observée chez les réfugiés africains. Cependant, les réfugiés arabes, en particulier les Syriens et les Yéménites, ont des taux de mariage plus élevés et il arrive souvent que ces hommes se marient à des Marocaines dans l’espoir d’obtenir la nationalité marocaine, surtout ceux qui ont 60 ans et plus.
Plus de la moitié (58,9%) des réfugiés ont fui leur pays d’origine en raison de conflits géopolitiques dans leur région. Cette proportion est plus importante chez les femmes (66%) que chez les hommes (57,3%), avec un pic d’insécurité chez les réfugiés ivoiriens (86,7%) et ceux des autres pays africains (79,8%), les syriens (65,1%), les centrafricains (63,8%) et ceux des pays arabes (59,6%). Les études (24%) et la recherche d’emploi (11,4%) sont les deuxième et troisième principales raisons de leur exil.
Une fois au Maroc, les réfugiés doivent faire face à l’intégration, qui soulève des défis majeurs en matière de logement, d’ouverture de compte bancaire, d’emploi et de santé.
Environ 53,4% des réfugiés n’ont aucun document prouvant leur droit d’occupation d’un logement, les femmes étant les plus touchées (64,4%). Seuls 41,6% ont un contrat de location et 2,5% ont un certificat de propriété. Toutefois, deux tiers des réfugiés pensent qu’il est peu probable de perdre leur logement involontairement dans les cinq années à venir. En ce qui concerne la sécurité personnelle, environ 70% entre eux se sentent en sécurité dans leur quartier la nuit, cette perception varie toutefois en fonction de la nationalité.
Sur le plan financier, 41% des réfugiés ont reçu une aide au cours de l’année passée, principalement de l’UNHCR. La majorité (67,9%) des réfugiés se considèrent comme étant pauvres, avec seulement 44,8% qui ont un compte bancaire et 14,1% qui peuvent économiser une partie de leurs revenus.
En ce qui concerne l’emploi, 43% des réfugiés travaillent mais environ un sur cinq est sans emploi, avec une majorité d’hommes actifs. Seuls 1,2% bénéficient d’aides du gouvernement, avec des difficultés majeures d’accès dues à un faible niveau de scolarité, à leur statut de résidence et à la précarité des emplois.
Enfin, en matière de santé, les réfugiés ont du mal à accéder aux soins, seulement 5,5% ont une assurance maladie obligatoire et 23,1% signalent un besoin non satisfait de services de santé. La majorité des réfugiés se considèrent en bonne santé, mais près d’un tiers souffrent de maladies chroniques, avec des taux plus élevés chez les femmes et les personnes âgées.