vendredi, novembre 22, 2024
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Le projet marocain qui inquiète l’Algérie

Le projet marocain qui inquiète l’Algérie

Les autorités algériennes manifestent une profonde inquiétude quant à l’impact potentiel du projet de gazoduc atlantique Maroc-Nigeria sur l’avenir du gazoduc transsaharien Nigeria-Niger-Algérie, un projet concurrent et stratégique pour l’Algérie. Ce projet de gazoduc atlantique, initié par le roi Mohammed VI et l’ex-président nigérian Muhammadu Buhari, avance rapidement et pourrait redessiner la carte énergétique de l’Afrique de l’Ouest en connectant directement les ressources gazières du Nigeria au Maroc, puis à l’Europe.

D’une longueur de 5 600 km et avec un coût estimé à environ 25 milliards de dollars, le gazoduc Maroc-Nigeria traversera 13 pays de la côte ouest-africaine avant d’atteindre le Maroc. De là, il se connectera au Gazoduc Maghreb-Europe (GME), permettant ainsi une livraison directe de gaz aux marchés européens. La capacité de ce gazoduc est prévue à 30 milliards de mètres cubes par an, ce qui en fait un projet d’une envergure sans précédent dans la région. Le projet est considéré comme un levier stratégique pour le développement économique régional et l’intégration des pays concernés. Leila Benali, ministre marocaine de la Transition énergétique, a récemment souligné son importance en tant que pont entre les continents africain et européen, tout en favorisant la coopération énergétique.

Face à ces avancées, l’Algérie, qui a longtemps été un acteur clé dans le domaine des hydrocarbures en Afrique, craint que ce projet ne mette en péril son propre gazoduc transsaharien. Ce dernier, conçu pour relier le Nigeria à l’Algérie via le Niger, vise à transporter le gaz nigérian jusqu’à l’Europe à travers le réseau gazier algérien. Cependant, les tensions politiques et les instabilités régionales, notamment au Niger, ont freiné l’avancement de ce projet.

Pour tenter de relancer l’initiative transsaharienne, le ministre algérien de l’Énergie, Mohamed Arkab, a entrepris une visite stratégique à Niamey, la capitale du Niger, où il a rencontré son homologue nigérien, Mahaman Moustapha Barké Bako. Cette visite s’inscrit dans un contexte de dégradation des relations bilatérales entre l’Algérie et le Niger, exacerbée par les récents troubles politiques au Niger, où une junte militaire a pris le pouvoir. Les discussions entre les deux ministres ont porté sur la revitalisation du projet de gazoduc transsaharien, mais aussi sur d’autres aspects de la coopération bilatérale, notamment l’exploitation des ressources pétrolières et gazières dans la région de Kafra, où Sonatrach, la compagnie nationale algérienne, est active.

Selon des sources locales rapportées par le quotidien algérien Echorouk, les discussions ont également mis en lumière la nécessité de renforcer la coordination entre les deux pays pour faire face aux défis logistiques, sécuritaires, et financiers liés au projet transsaharien. Les deux parties ont convenu de poursuivre les réunions de coordination afin d’évaluer et de surmonter les obstacles qui se dressent devant la réalisation de ce projet, vital pour l’Algérie dans sa stratégie de diversification de ses exportations de gaz naturel.

Cependant, l’Algérie se trouve dans une position délicate : d’une part, elle doit faire face à la concurrence du projet Maroc-Nigeria, soutenu par des puissances occidentales et régionales ; d’autre part, elle doit gérer les relations complexes avec ses voisins sahariens, dont la stabilité politique et la coopération sont cruciales pour la réalisation du gazoduc transsaharien. Ce contexte géopolitique tendu met en lumière les défis auxquels l’Algérie est confrontée dans sa quête pour maintenir son influence énergétique en Afrique et en Europe.




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