lundi, novembre 25, 2024
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(Vidéo) Italie : elle percute (4 fois) un Marocain avec son véhicule

(Vidéo) Italie : une italienne fonce 4 fois sur un Marocain avec sa voiture

Un événement tragique survenu à Viareggio, en Toscane, a fait l’objet d’un vif débat en Italie, illustrant la complexité des notions de justice, de légitime défense et de recours à la violence. Le 15 septembre 2024, Cinzia Dal Pino, une femme d’affaires italienne de 65 ans, a été impliquée dans un incident dramatique ayant coûté la vie à Nourdine Naziki, un Marocain de 52 ans. Ce dernier a été mortellement percuté par Dal Pino après lui avoir volé son sac à main. Cet acte, initialement un vol à l’arraché, a dégénéré en une scène de violence extrême, capturée par les caméras de vidéosurveillance et rapidement relayée par les médias locaux, choquant l’opinion publique.

Les faits
D’après les images de la vidéo, Nourdine Naziki est vu marchant près d’une boutique lorsqu’il est percuté à grande vitesse par un SUV Mercedes, conduit par Cinzia Dal Pino. La scène, glaçante, montre ensuite la femme d’affaires faire marche arrière et avancer à nouveau sur la victime, le heurtant à quatre reprises. Après ces chocs, Dal Pino sort de son véhicule, récupère calmement son sac et s’éloigne, sans manifester d’émotion apparente. Les témoins sur place ont rapidement alerté les secours, mais malgré leur intervention, Naziki a succombé à ses blessures à l’hôpital.

Le contexte du vol
Quelques instants avant cet événement tragique, Naziki aurait volé le sac de Dal Pino à travers la fenêtre ouverte de son véhicule. Selon les premières déclarations de la femme d’affaires, elle se serait lancée à la poursuite de l’homme pour récupérer son bien, qui contenait des objets importants, notamment son téléphone, ses clés de maison et des documents personnels. Lors de son interrogatoire, elle a affirmé avoir agi dans la peur, affirmant que l’homme l’avait menacée avec un couteau, une allégation que l’enquête a rapidement démentie, car aucun couteau n’a été retrouvé sur la victime. Elle a soutenu qu’elle n’avait aucune intention de tuer Naziki, mais qu’elle voulait simplement l’immobiliser et récupérer ses affaires.

La défense de Dal Pino
Cinzia Dal Pino a été arrêtée puis relâchée, avant d’être assignée à résidence pour homicide involontaire. Son avocat, Enrico Marzaduri, a plaidé en sa faveur, soulignant que l’acte ne relevait pas d’une intention délibérée de tuer. Selon Marzaduri, l’impact initial avec le véhicule aurait été suffisant pour causer la mort de Naziki, et la répétition des chocs serait due à un état de panique. Il a ajouté que son client avait uniquement visé les jambes du voleur pour l’empêcher de fuir, et qu’elle ressentait de profonds remords pour son geste. Toutefois, cette défense peine à convaincre, car les images montrent clairement la violence avec laquelle la victime a été percutée à plusieurs reprises.

Réactions publiques et religieuses
Cet incident a suscité une onde de choc dans la ville de Viareggio et dans tout le pays. Monseigneur Paolo Giulietti, archevêque de la région, a exprimé son indignation face à cet acte de violence, déclarant que « rien, absolument rien, ne peut justifier un meurtre, même sous couvert de légitime défense ». Il a ajouté que « la justice ne doit pas être rendue de manière individuelle, surtout de façon aussi brutale », rappelant que l’État de droit existe précisément pour éviter ce type de dérive.

Le comportement de Dal Pino, notamment son calme apparent après les faits, a renforcé le malaise. « Comment une femme respectée, bien connue dans la région, a-t-elle pu perdre tout sens moral et commettre un tel acte ? » se sont interrogés certains, exprimant la stupeur face à une situation où l’acte de vengeance semble avoir pris le pas sur la raison. L’archevêque a également critiqué ceux qui ont vu dans cet événement une forme de justice, rappelant que le mal « triomphe lorsque nous devenons mauvais à notre tour ».

Les positions politiques
L’affaire a également provoqué des réactions politiques. Matteo Salvini, vice-Premier ministre italien et figure de proue du parti de la Ligue, a pris la défense implicite de Cinzia Dal Pino, déclarant sur les réseaux sociaux : « Ce drame est la conséquence d’un crime. Si l’homme qui a perdu la vie n’avait pas été un délinquant, cela ne serait jamais arrivé ». Cette déclaration a suscité de vives réactions, certains accusant Salvini de justifier la violence sous prétexte de lutte contre la délinquance, tandis que d’autres, plus radicaux, ont soutenu son point de vue, exprimant leur frustration face à une insécurité perçue comme croissante.

La famille de la victime
Du côté de la famille de Nourdine Naziki, l’émotion est à son comble. Les proches de la victime sont horrifiés par la violence des faits et réclament justice. Dans une déclaration poignante, ils ont comparé la manière dont leur frère a été tué à celle d’un animal, dénonçant l’absence de compassion de Dal Pino. « Elle l’a percuté à quatre reprises et est partie tranquillement, sans appeler à l’aide. Comment une telle cruauté est-elle possible ? » a déclaré un membre de la famille, réclamant que Dal Pino soit à nouveau emprisonnée pour répondre de ses actes. Ils ont également réfuté l’image de délinquant décrite par certains médias et responsables politiques, affirmant que Naziki était un « homme bon » qui ne méritait pas une telle fin.

Un débat national sur la légitime défense
Cet incident relance un débat ancien en Italie autour de la légitime défense et du droit des citoyens à se protéger face à la criminalité. Si certains plaident pour un assouplissement des lois sur la légitime défense, permettant une plus grande tolérance envers les réactions violentes en cas de danger, d’autres appellent au contraire à la retenue et à la nécessité de faire confiance à la justice pour traiter les infractions. Les partisans de la première option estiment que la criminalité grandissante justifie parfois une réponse immédiate, même violente, de la part des victimes, tandis que leurs opposants rappellent les risques de dérive et la nécessité de maintenir le respect de l’État de droit.

En bref…
Le drame de Viareggio, au-delà de l’horreur des faits, pose des questions fondamentales sur la justice, la vengeance et la légitime défense dans une société moderne. Alors que Cinzia Dal Pino attend son procès pour homicide involontaire, l’Italie s’interroge sur les limites de la réponse individuelle face à la criminalité, et sur le danger que représente une société où la justice personnelle pourrait prendre le pas sur celle des tribunaux. La famille de Nourdine Naziki, quant à elle, reste dans l’attente d’un verdict, espérant que justice soit rendue pour ce qu’elle considère comme un meurtre impitoyable.