vendredi, septembre 20, 2024
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Inquiétante chute de la valeur du dinar algérien

Inquiétante chute de la valeur du dinar algérien

Au cours des dix dernières années, la valeur du dinar de nos voisins algériens a connu une chute, révélant les profondes difficultés économiques que traverse l’Algérie. En 2014, 1 dirham marocain valait environ 10 fois plus qu’un dinar algérien. En 2024, 1 dirham équivaut désormais à 14 dinars. Cette évolution illustre la dévaluation continue du dinar algérien, symptôme d’une crise économique structurelle, tandis que le dirham marocain est resté stable face aux principales devises mondiales, telles que l’euro et le dollar.

Selon le magazine hebdomadaire économique français Challenges, cette divergence n’est pas due à une forte appréciation du dirham, mais plutôt à une chute incessante de la valeur du dinar, qui reflète les faiblesses croissantes de l’économie algérienne. La période 2014-2024 a été particulièrement marquée par une série de décisions économiques contestées et des crises externes qui ont exacerbé les fragilités de l’économie nationale.

L’impact de la chute des hydrocarbures et la réponse de l’État
L’année 2014 marque un tournant crucial pour l’économie algérienne. Jusqu’à cette date, le pays avait largement profité de la manne pétrolière et gazière, les exportations d’hydrocarbures représentant plus de 95 % des recettes en devises du pays. Cependant, la chute brutale des prix du pétrole à partir de 2014 a profondément affecté les finances publiques. Pour faire face à la baisse drastique des revenus provenant des exportations de pétrole et de gaz, le gouvernement algérien a adopté une politique monétaire expansionniste, recourant massivement à la création monétaire, souvent appelée « planche à billets ».

Environ 1.000 milliards de dinars ont été injectés dans l’économie à partir de 2014, avec pour objectif de compenser la baisse des revenus pétroliers et de maintenir à flot l’économie. Cependant, cette politique n’a pas été accompagnée par une augmentation significative de la production intérieure ou par une diversification des sources de revenus. Cette injection de liquidités, sans contrepartie productive, a accéléré la dévaluation du dinar, entraînant une inflation galopante et une érosion rapide du pouvoir d’achat de la population.

2014 marque le début d’une période cruciale pour l’économie algérienne. Face à la chute des prix des hydrocarbures sur le marché mondial, le gouvernement opte pour une politique monétaire expansionniste, en actionnant la planche à billets. Ce choix visait à compenser la baisse des revenus tirés des exportations de pétrole et de gaz, qui représentent une part prépondérante des recettes en devises du pays. Près de 1.000 milliards de dinars sont ainsi injectés dans l’économie, sans contrepartie réelle en termes de production ou de création de richesse. Challenges

Le Printemps arabe et la politique salariale
Pour mieux comprendre cette dévaluation continue, il faut revenir à l’année 2011, au cœur des révolutions du « Printemps arabe ». En Algérie, le gouvernement a réagi aux tensions sociales croissantes en augmentant massivement les salaires des fonctionnaires. Cette décision visait à apaiser le mécontentement social et à éviter une contagion des révoltes observées dans d’autres pays arabes. Si ces hausses salariales ont permis, à court terme, d’améliorer le pouvoir d’achat de la population et de maintenir une certaine stabilité politique, elles ont rapidement montré leurs limites dans un contexte économique fragile.

L’économie algérienne étant fortement dépendante des importations pour répondre à la demande intérieure, ces augmentations de salaires ont alimenté une surconsommation de produits importés, exacerbant le déséquilibre commercial du pays. La dévaluation du dinar a rapidement neutralisé les gains de pouvoir d’achat apportés par ces hausses salariales, tandis que l’économie, restée largement dépendante des hydrocarbures, ne parvenait pas à se diversifier ou à accroître sa production locale.

La réduction des importations n’est pas accompagnée par une politique industrielle capable de stimuler la production locale. Les Algériens se retrouvent ainsi confrontés à des pénuries de nombreux produits essentiels, notamment des denrées alimentaires, des médicaments et des équipements technologiques. Cette pénurie accroît la dépendance du pays à l’égard du marché parallèle des devises, où l’euro et le dollar commencent à prendre de plus en plus de valeur face au dinar. Challenges

Le cercle vicieux de la dévaluation et de l’inflation
La chute des prix du pétrole à partir de 2014 a considérablement réduit les réserves de change de l’Algérie, contraignant l’État à limiter de plus en plus les importations. Cependant, cette réduction des importations n’a pas été accompagnée d’une stratégie industrielle solide qui aurait pu relancer la production nationale et diminuer la dépendance du pays aux biens importés. Cela a conduit à des pénuries de nombreux produits de première nécessité, notamment des denrées alimentaires, des médicaments, et des équipements technologiques.

Le manque de confiance des Algériens envers l’économie de l’Algérie les pousse à se rabattre vers l’euro et le dollar ; le dinar continue de se déprécier ; l’écart entre le marché de change officiel et le marché noir continue d’augmenter. La raréfaction des biens essentiels a aggravé la dépendance de l’économie algérienne au marché noir des devises, où le dinar s’est dévalué encore plus rapidement. Sur ce marché parallèle, la valeur de l’euro et du dollar a explosé par rapport au dinar, rendant de plus en plus difficile l’accès aux produits importés pour les Algériens. Les entreprises locales, incapables de compenser par une production domestique suffisante, ont également souffert, entraînant une contraction de l’économie.

Les conséquences pour la population
Depuis 2014, la population algérienne a vu son pouvoir d’achat se dégrader de manière drastique. L’inflation, combinée à la dévaluation du dinar, a entraîné une flambée des prix des produits de base. Malgré quelques tentatives ponctuelles d’augmenter les salaires, ces mesures n’ont pas suffi à compenser l’inflation croissante. En 2024, on estime que les Algériens ont perdu environ 50 % de leur pouvoir d’achat par rapport à la décennie précédente.

Le dinar, désormais extrêmement dévalorisé, a quasiment perdu toute sa valeur réelle sur le marché international. Cette situation économique difficile reflète l’incapacité du pays à diversifier son économie, toujours largement tributaire des hydrocarbures, et à mettre en place des réformes structurelles visant à renforcer la production locale et à réduire la dépendance aux importations.

En bref…
La dégringolade du dinar algérien face au dirham marocain sur la période 2014-2024 est symptomatique d’une crise économique profonde. En l’absence de réformes structurelles et de diversification économique, l’Algérie a été incapable de faire face à la chute des prix des hydrocarbures, et les politiques de création monétaire, combinées à une gestion inefficace des ressources, ont contribué à une spirale de dévaluation, d’inflation et de perte de pouvoir d’achat pour la population. La situation économique de 2024 illustre les limites de cette mauvaise gestion et souligne les défis considérables auxquels l’Algérie est confrontée pour redresser son économie.




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