mardi, décembre 3, 2024
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Maroc : la visite d’État de Macron vue par la presse française

Maroc : la visite d’État d’Emmanuel Macron vue par la presse française

La visite d’État qu’Emmanuel Macron a entamée ce lundi 28 octobre à Rabat suscite un écho exceptionnel et un intérêt sans précédent de part et d’autre de la Méditerranée, voire au-delà. Cette visite intervient après trois années de tensions, symbolisant une réconciliation attendue entre deux nations amies et renforçant un partenariat stratégique et historique, inébranlable malgré les épreuves. Cette rencontre a une visée particulière, notamment avec l’intention affichée par Macron de travailler à «l’opérationnalisation» de la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara. La presse française souligne l’importance «providentielle» de cette visite pour la France.

Six ans après sa dernière visite au Maroc, où il avait inauguré, aux côtés du roi Mohammed VI, la Ligne à grande vitesse (LGV) reliant Tanger à Casablanca, Emmanuel Macron effectue cette fois-ci une visite d’État de trois jours, du 28 au 30 octobre. Entre ces deux visites, des changements significatifs sont intervenus, culminant le 30 juillet dernier avec un message de Macron au Souverain marocain, dans lequel il annonce la décision de la France de reconnaitre le Plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara, comme solution crédible pour ce conflit. Désormais, le Maroc établit ses partenariats en tenant compte de sa souveraineté territoriale, et la France a ainsi levé des obstacles dans cette optique.

Dans cette perspective, le média L’Opinion analyse que cette visite du couple Macron, accompagné de 120 personnalités, a pour objectif de «refonder une relation bilatérale qui a connu des hauts et des bas ces dernières années», en vue de «tirer les fruits» de «l’inflexion française sur le dossier du Sahara». Sous le titre «Macron au Maroc, le pari du donnant-donnant avec Mohammed VI», le média indique que les deux chefs d’État visent à «rénover une relation autrefois exemplaire, mais devenue démodée avec le temps», d’autant plus que «chaque partenaire pense d’abord à ses intérêts». L’Opinion rappelle les longs mois de brouille entre Rabat et Paris, expliquant que la réticence prolongée de l’Élysée à reconnaitre la souveraineté marocaine sur les provinces sahariennes a mené à ces tensions, Paris ayant brièvement montré une inclinaison vers Alger, instigateur de ce différend. C’est finalement l’ambassadeur Christophe Lecourtier, nommé en décembre 2022, qui a su «identifier le nœud gordien –le besoin de clarifier la position française sur le Sahara occidental– et a mené un intense lobbying». En février dernier, la rencontre entre les princesses Lalla Meryem, Lalla Asmae et Lalla Hasna, accueillies à l’Élysée par Brigitte Macron, a également contribué à apaiser les incompréhensions entre les deux capitales. Macron a finalement saisi l’occasion de la fête du Trône, en juillet dernier, pour adresser au Roi Mohammed VI un message affirmant la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara, un «soutien franc» publiquement salué par le Souverain lors de l’ouverture de la session d’automne du Parlement marocain, le 11 octobre.

L’Express qualifie cette visite de providentielle pour la France. Dans un article intitulé «Macron au Maroc: pourquoi la France n’a pas droit à l’erreur», l’hebdomadaire souligne que «dans une Afrique qui rejette de plus en plus la présence française, le réchauffement des relations avec le royaume chérifien offre une porte d’entrée providentielle pour Paris». En effet, «Paris n’a jamais autant eu besoin de Rabat: le royaume chérifien peut être la clé vers le reste du continent, et notamment le Sahel, l’Afrique de l’Ouest, la Libye, où les pouvoirs en place sont de plus en plus ouvertement hostiles à Paris… De plus, sa position géographique le pose de fait en gardien de l’Europe et en première ligne contre le trafic opéré par les passeurs». L’hebdomadaire met en lumière l’importance de l’immigration illégale, qualifiant ce sujet de «hautement inflammable», où «chaque terme comptera», notamment celui d’«immigration ‘‘choisie’’», qui peut laisser entendre une inégalité dans la relation, la France semblant cibler les diplômés sans réelles contreparties pour le Maroc. Néanmoins, ces questions d’immigration sont reléguées face aux enjeux économiques majeurs de la visite, marquée par la présence de personnalités françaises des secteurs politique, culturel et économique.

Le volet économique est au centre de cette visite, comme en témoigne l’article du Monde intitulé «Au Maroc, les ambitions économiques des entreprises françaises». Macron est accompagné de neuf ministres, notamment ceux de l’Économie, des Affaires étrangères, de l’Intérieur, des Armées et de l’Enseignement supérieur, ainsi que d’une quarantaine de dirigeants d’entreprises parmi lesquels figurent Patrick Pouyanné de TotalEnergies, Rodolphe Saadé de CMA CGM, Catherine MacGregor d’Engie, Ross McInnes de Safran, Henri Poupart-Lafarge d’Alstom et Sabrina Soussan de Suez. La présence de ces figures de proue vise à «renforcer les complémentarités à travers des projets communs», selon l’Élysée, et des accords et partenariats devraient être signés, avec des rencontres prévues dès lundi soir, puis le lendemain après les échanges entrepreneuriaux.

Le Figaro résume cette visite comme marquant «L’heure de la réconciliation», espérant un «réchauffement» des relations bilatérales et la relance de dossiers en attente, tout en offrant l’opportunité de conclure d’importants contrats dans les secteurs de l’énergie, de l’aéronautique, de l’environnement, de la finance et de la colocalisation industrielle.

Quant au magazine Le Point, sous le titre «France-Maroc: la réconciliation à tout prix», il rapporte que cette visite de Macron à Rabat cherche à «démontrer que la brouille, qui a duré trois ans, est finie». L’écrivain Tahar Ben Jelloun, cité par Le Point, considère cette visite comme «la réconciliation tant attendue, aussi bien par les Marocains que par les Français, parce qu’on n’avait pas l’habitude de nous fâcher». Selon lui, en reconnaissant la marocanité du Sahara, «le président Macron a fait preuve de courage en prenant une décision qui déplaît fortement aux autorités algériennes».