mardi, décembre 17, 2024
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Le Maroc importe de la viande rouge d’Espagne

Le Maroc importe de la viande rouge d’Espagne

Le Maroc a pris la décision de se tourner vers l’Espagne (notamment pour sa proximité géographique) pour diversifier ses sources d’approvisionnement en viande rouge, une démarche visant à sécuriser ses stocks face à la demande croissante sur le marché intérieur. En raison de la hausse continue des prix de la viande depuis plusieurs mois, les importateurs, avec le soutien du gouvernement d’Aziz Akhannouch, intensifient leurs efforts pour mettre en place des solutions concrètes afin de résoudre cette crise. Selon le quotidien espagnol La Razón dans son édition du dimanche 15 décembre, une délégation marocaine a conclu des accords avec sept entreprises espagnoles spécialisées dans le secteur de la viande, marquant ainsi un renforcement des liens commerciaux entre les deux pays. En conséquence, deux camions transportant chacun 20 tonnes de viande ont déjà été envoyés vers le Maroc, avec une estimation du prix de gros de cette viande située entre 70 et 80 dirhams le kilogramme, selon la même source. Ce tarif constitue une réduction significative par rapport aux prix en vigueur dans les grandes boucheries marocaines, où le kilogramme de viande dépasse actuellement les 90 dirhams.

Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large de coopération agricole et commerciale entre le Maroc et l’Espagne, qui a été formalisée lors de la rencontre du 25 octobre à Rabat. Ce jour-là, Ahmed Bouari, le ministre marocain de l’Agriculture et de la Pêche, a rencontré son homologue espagnol, Luis Planas Puchades, ministre de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation d’Espagne. Au cœur des discussions, la question des importations de viande a occupé une place centrale, dans le contexte de la recherche de solutions pour répondre aux besoins croissants du marché marocain en viande rouge, en particulier en période de fêtes et de forte consommation.

À la suite de ces échanges, une délégation d’entreprises ibériques du secteur de la viande s’est rendue au Maroc entre le 11 et le 13 novembre. Cette mission a permis de renforcer les relations commerciales bilatérales, avec des visites dans plusieurs villes marocaines, dont Casablanca, Rabat et Tanger. Ces rencontres ont été l’occasion pour les producteurs espagnols de mieux comprendre les besoins du marché marocain et d’étudier les opportunités de croissance de leurs entreprises sur le territoire marocain.

Une délégation marocaine, regroupant des responsables de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et de grands acteurs du secteur de l’importation de viande, a effectué une visite de quatre jours en Espagne où ils ont exploré les installations de grandes entreprises spécialisées dans la production et la transformation de viande rouge.

Ces rencontres ont également permis de favoriser des relations directes avec les principaux acteurs de l’industrie locale de la viande, notamment les distributeurs et les acteurs du secteur de la transformation, contribuant ainsi à la structuration d’un réseau d’approvisionnement bilatéral plus efficace et plus pérenne.

En parallèle, le gouvernement marocain a pris des mesures pour faciliter l’importation de viande rouge afin de stabiliser les prix et garantir un approvisionnement suffisant. Le 19 octobre dernier, une nouvelle mesure a été mise en place : l’augmentation du quota de bovins et d’ovins exemptés de droits de douane et de TVA, passant de 120 000 à 150 000 têtes. Cette décision vise à soutenir l’approvisionnement en viande rouge, en particulier durant les périodes où la demande est particulièrement élevée, tout en réduisant la pression sur les prix du marché intérieur.

En outre, cette mesure fait partie d’une stratégie plus large du gouvernement marocain pour garantir la sécurité alimentaire et assurer un équilibre des prix sur le marché local. L’intensification des importations de viande, notamment en provenance d’Espagne, devrait contribuer à répondre à la demande nationale tout en évitant une flambée des prix qui pourrait affecter les consommateurs.

L’accord avec les entreprises espagnoles s’inscrit également dans un contexte plus large de coopération économique et commerciale entre les deux pays, qui entretiennent de solides liens dans de nombreux secteurs, notamment l’agriculture, l’énergie, et les infrastructures. Cette initiative pourrait ainsi ouvrir la voie à d’autres partenariats dans le secteur agroalimentaire, à mesure que le Maroc continue d’élargir ses partenariats internationaux pour sécuriser son approvisionnement alimentaire.

Il convient de souligner que le Maroc, dont l’agriculture est fortement dépendante des conditions climatiques, a été durement touché par une série de sécheresses successives. Ces conditions météorologiques défavorables ont eu un impact majeur sur la production fourragère, essentielle à l’alimentation du bétail bovin et ovin. La pénurie de pâturages a entraîné une hausse des coûts de production pour les éleveurs, une augmentation qui se répercute directement sur les prix de vente.

Par ailleurs, le marché marocain de la viande rouge fait aussi face à des pratiques spéculatives. Certains intermédiaires (peu scrupuleux) exploitent la situation pour manipuler artificiellement les prix, exacerbant ainsi la crise. Dans ce contexte, les importations de viande sont envisagées comme une solution alternative pour compenser le déficit local.