France: le meurtrier d’un musulman dans une mosquée a été arrêté
France: le meurtrier d’un musulman dans une mosquée a été arrêté
Assassinat dans une mosquée du Gard : le suspect s’est rendu en Italie, une enquête sous tension
Le principal suspect dans le meurtre d’un jeune homme malien dans une mosquée du sud de la France a été interpellé dimanche soir en Italie, après s’être présenté de lui-même dans un commissariat de la région toscane. L’homme, âgé de 20 ans, avait filmé l’agonie de sa victime avant de fuir, suscitant une vague d’indignation et une mobilisation policière d’envergure.
Selon les précisions communiquées lundi par le procureur de la République d’Alès, Abdelkrim Grini, le suspect, identifié sous le nom d’Olivier A., est de nationalité française et originaire de Lyon. Il s’est livré sans résistance aux autorités italiennes dans la ville de Pistoia, à une trentaine de kilomètres de Florence, vers 23 heures dimanche soir. Un mandat d’arrêt européen a immédiatement été émis afin de permettre son extradition vers la France.
« C’est une très grande satisfaction pour le procureur que je suis. Face à l’efficacité des moyens mis en œuvre, l’auteur n’a eu d’autre choix que de se rendre », a déclaré M. Grini, soulignant la coordination efficace entre services français et italiens.
Le drame s’est produit vendredi 25 avril, dans la mosquée Khadidja de La Grand-Combe, une petite commune du département du Gard. La victime, Aboubakar Cissé, un jeune Malien d’une vingtaine d’années, a été mortellement agressée dans un lieu de prière, dans des circonstances d’une rare violence. L’auteur présumé des faits a filmé la scène avant de prendre la fuite, partageant sur les réseaux sociaux des éléments laissant peu de doute sur ses intentions.
La traque qui a suivi a mobilisé plus de 70 agents des forces de l’ordre, policiers et gendarmes confondus, tant l’individu était jugé dangereux. D’après le parquet, Olivier A. aurait exprimé, après les faits, son intention de récidiver, tenant des propos confus mais inquiétants quant à de potentielles nouvelles violences à caractère haineux.
Les motivations exactes du suspect restent encore à éclaircir. Ce dernier, issu d’une famille bosnienne et sans emploi, n’était jusqu’alors pas connu de la justice ni des services de renseignement. Il résidait ponctuellement dans la région et entretenait des liens avec le département du Gard.
« C’est quelqu’un qui était complètement sous les radars. Rien dans son parcours ne laissait présager un passage à l’acte aussi brutal », a déclaré dimanche le procureur Grini.
L’émotion est immense à La Grand-Combe. Dimanche après-midi, plus d’un millier de personnes ont défilé en silence lors d’une marche blanche, partant de la mosquée Khadidja jusqu’à la mairie. De nombreuses voix ont rendu hommage à Aboubakar Cissé, saluant un jeune homme « intégré », « respectueux » et « engagé dans sa communauté ».
À Paris également, plusieurs centaines de personnes se sont réunies en début de soirée pour dénoncer un crime à caractère raciste et islamophobe. Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a accusé le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, de participer à un climat de stigmatisation envers les musulmans.
La réaction des plus hautes autorités de l’État n’a pas tardé. Dans un message solennel, le président Emmanuel Macron a condamné avec fermeté cet acte odieux, assurant la famille de la victime du « soutien de la Nation », et réaffirmant que « le racisme et la haine religieuse n’auront jamais leur place en France ».
L’enquête, désormais élargie au niveau européen, devra établir les circonstances précises de cet assassinat, ainsi que les motivations idéologiques ou psychologiques du suspect. L’instruction s’annonce complexe et particulièrement suivie, dans un contexte national marqué par de fortes tensions autour des questions identitaires et religieuses avec une islamophobie de plus en plus décomplexée.