Le Maroc va construire une voie express de plus de 1.000 km en plein désert
Le Royaume du Maroc va construire une voie express de plus de 1.000 km en plein désert
C’est un pays qui n’a ni gaz ni pétrole. Pourtant, le Maroc est en passe de boucler un projet qui ne peut être conçu et financé que par de richissimes nations: une voie express de plus de 1.000 km, entre Tiznit et Dakhla en passant par Laâyoune, pour un budget de près de 10 milliards de dirhams.
Après avoir signé de grands exploits comme le TGV, le port Tanger Med ou le complexe Noor, voilà que le Maroc est en train d’ajouter cette belle œuvre au registre de ses aventures spectaculaires.
Car au-delà de son impact sur l’ancrage définitif des provinces du Sud dans leur giron naturel, cette route a aussi une dimension continentale qui lui confère une portée stratégique indéniable.
L’Afrique subsaharienne n’a jamais été aussi proche du Maroc et le projet va donner un coup d’accélérateur certain au flux des échanges humains, économiques et culturels entre le Royaume et des pays comme la Mauritanie, le Sénégal ou le Mali.
Projet “titanesque” selon l’expression même du ministre de l’Équipement, du transport et de la logistique, Abdelkader Amara, la voie express Tiznit-Dakhla a fait l’objet d’une convention de partenariat signée devant le roi Mohammed VI à Laâyoune en 2015, dans le cadre du nouveau modèle de développement des provinces du sud.
Avec un impact direct sur le quotidien d’une population de plus de 2,2 millions d’habitants, répartie sur 10 provinces du Sud marocain, le chantier se décline en deux composantes: dédoublement de la route nationale 1 entre Tiznit et Laâyoune, sur 555 km, et élargissement à 9 mètres de la voie entre Laâyoune et Dakhla sur une distance de 500 km.
Son financement est assuré par l’Etat et les quatre régions concernées (Laâyoune-Sakia El Hamra, Guelmim-Oued Noun, Dakhla-Oued Eddahab et Souss-Massa) à hauteur de 8,5 milliards de dhs, auxquels il faut ajouter plus d’un milliard de dh pour le projet de contournement ouest de la ville de Laâyoune sur 7 km et le franchissement de l’oued Sakia El Hamra.
Pour les habitants du Sahara marocain précisément, c’est vraiment un rêve qui est en train de se concrétiser.
Dans moins de deux ans ou presque, la pénible traversée des virages sinueux entre Tiznit et Guelmim, ou des routes sablonneuses entre Tan-Tan et Laâyoune ou Laâyoune et Dakhla, empruntées chaque jour par des centaines de poids lourds chargés de poisson changera.
Ce sera une partie de plaisir pour les automobilistes au lieu d’être une vraie corvée comme elle l’est aujourd’hui. Car si ce n’est pas une autoroute, cela y ressemble beaucoup.
En effet, le projet va réduire le temps et le coût du transport, améliorer la fluidité du trafic, le niveau de service, le confort et la sécurité routière et facilitera le transport des marchandises entre les villes du Sud du Royaume et les grands centres de production et de distribution. Pour mener à bien ce chantier, le ministère de l’Equipement a créé une structure dédiée, basée à Laâyoune.
Ses ingénieurs et techniciens sont chaque jour sur le terrain pour superviser le travail effectué par les entreprises chargées de la réalisation des 15 tronçons de ce projet. La tâche n’est pas aisée et le défi est grand.
Les ingénieurs doivent faire preuve de beaucoup d’ingéniosité et d’effort conceptuel et technique pour surmonter un environnement désertique et inhospitalier.
Car dans beaucoup d’endroits, il fallait partir de rien tant les Espagnols n’ont rien investi dans les infrastructures routières durant leur présence dans cette partie du territoire national. Face à cette contrainte majeure, il fallait construire une voie express en site propre sur 162 km et réalisation d’une voie express par dédoublement de la RN1 sur 393 km.
Mais en dépit de la nature du terrain, de la géographie et de la complexité du relief, les travaux avancent à un rythme soutenu sur tous les axes.
Ainsi, dans le périmètre de la région Guelmim-Oued Noun, le taux d’avancement du tronçon entre Tiznit à Sidi Ifni par exemple a atteint 41%, et entre Guelmim et Zrouila, il est de l’ordre de 92%, selon Yassine Zitoune, chef de chantier à la direction provisoire chargé de l’aménagement de la route nationale No 1 entre Tiznit et Dakhla. Même constat dans la région de Laâyoune-Sakia El Hamra.
Les travaux sont réalisés à hauteur de 59%, avec des tronçons achevés à 84% comme entre Tarfaya et Laâyoune, a confié à la MAP le directeur de la direction provisoire chargé de l’aménagement de cette voie, Abdellah Al-Rais.
S’agissant de la voie entre Laâyoune et Dakhla sur 500 km, elle est presque achevée et les professionnels de la route ou les simples usagers apprécient déjà la qualité de la voie et la sécurité du trajet.
Les responsables de la direction sont optimistes sur l’achèvement des travaux dans les délais, encouragés par l’avancement des chantiers et par la volonté de l’État de tout mettre en œuvre pour être au rendez-vous, vers la fin de l’année 2021.
Le ministre Amara, en visite dernièrement au tronçon entre Tarfaya et Laâyoune, a prévenu en effet les prestataires qu’aucun retard non justifié ne serait toléré. D’ailleurs, certaines entreprises l’ont appris à leurs dépens en voyant leurs contrats résiliés.
Raison pour laquelle les travaux n’ont pas été interrompus durant toute la période du confinement qui a été instaurée au Maroc en riposte à l’apparition de la pandémie du nouveau coronavirus. Car en plus d’honorer un engagement solennel pris devant le roi, il s’agit de réussir un projet névralgique qui va façonner l’avenir des provinces du Sud.
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