D'anciens mercenaires marocains de Daech veulent rentrer au Maroc en évitant la prison
D’anciens mercenaires marocains de Daech veulent rentrer au Royaume du Maroc en évitant la prison
Des mercenaires de Daech tentent, à travers une «coordination» créée en Turquie, de rentrer au Maroc sans passer par la case prison. Ils font pression pour se soustraire à la loi antiterroriste marocaine en approchant élus et responsables.
Fin mai dernier, dans un coin de la place Taksim au cœur d’Istanbul, s’est rassemblé un groupe de Marocains qui n’attirait pratiquement l’attention de personne, sauf celle des services de sécurité qui les suivent de très près.
Et pour cause. Ce rassemblement a donné naissance à la «Coordination des Marocains bloqués en Turquie», rapporte le quotidien Al Massae dans son édition du week-end des 25 et 26 juillet.
Et ce n’est pas un «cadre associatif» à proprement parler, ni un regroupement ordinaire de personnes, mais un groupe de pression formé par des Marocains qui ont combattu dans les rangs de Deach et leur famille.
En fait, explique le quotidien, après une série de défaites de l’organisation terroriste sur le territoire syrien, les mercenaires marocains ont déserté ses rangs et se sont réfugiés en Turquie, dans l’espoir de rentrer au pays. Mais pour cela, il fallait négocier et tenter de trouver des canaux de dialogue.
Notamment par l’intermédiaire des responsables de l’ambassade marocaine en Turquie pour pouvoir s’entendre sur les termes d’un retour au pays sans conséquences.
L’expérience leur a en effet appris que tous ceux qui ont tenté de rentrer directement ont été interceptés dès leur débarquement à l’aéroport et transférés vers les locaux du BCIJ. En effet, la loi antiterroriste marocaine incrimine toute appartenance à une organisation terroriste, que ce soit au Maroc ou à l’étranger.
C’est donc pour cela qu’ils ont choisi l’option de la Turquie et la négociation avec les services de sécurité marocains par l’intermédiaire d’un cadre les représentant. Une coordination, par exemple.
La perspective de poursuites judiciaires, et éventuellement la prison, n’est pas le seul motif de cette démarche, souligne le quotidien. Un grand nombre de mercenaires marocains se sont effet mariés avec des étrangères, des Syriennes en particulier, et ont eu des enfants.
Ce qui suppose également des complications relevant du droit privé qu’il convient de lever avant de rentrer. Ce qui n’est pas du tout acquis, puisque les services de sécurité marocains se montrent très suspicieux dès qu’il s’agit de ce type de famille, relève Al Massae.
Tous les Marocains qui ont combattu dans les rangs de Daech passent par la case interrogatoire, procès et incarcération, depuis l’adoption d’un amendement de la loi antiterroriste qui incrimine le fait de rallier les zones de conflit.
Cela dit, note le quotidien, plusieurs anciens mercenaires ont pu rentrer. La plupart ont pu le faire dans le cadre d’une opération exceptionnelle décidée pour des raisons humanitaires.
Les personnes concernées ont ainsi été remises aux autorités marocaines par la Syrie dans le cadre de la coopération internationale antiterroriste. Le dernier groupe à avoir pu rejoindre le pays via ce processus compte huit personnes, précise le quotidien.
Les membres de la coordination qui vient de voir le jour en Turquie justifient leur ralliement au territoire syrien par le «printemps arabe», mais surtout par l’incitation des milieux extrémistes qui ont assuré à la fois la couverture «légitime» et «religieuse» et l’appui financier, social et médical pour les jeunes «volontaires» partis en Syrie pour appuyer la «révolution».
Ce n’est qu’après, assurent-ils, que tout cela a tourné en une véritable guerre qui a embrasé le pays. Bien sûr, poursuit Al Massae, tous ces mercenaires jurent aujourd’hui avoir opéré de grandes révisions idéologiques.
Cependant, souligne le quotidien, malgré le fait le Maroc ait adopté depuis des années une approche positive envers les détenus ayant fait montre de repentance, les services de sécurité restent très méfiants à l’égard des mercenaires de Daech.
Ne pouvant plus retourner en Syrie et se trouvant en Turquie en situation illégale après avoir perdu ou détruit leurs documents d’identité.
Rien ne prouve que ces derniers ne soient pas en train de manœuvrer pour sortir d’une impasse. Ils ne perdent pourtant pas espoir.
Selon un membre de cette coordination interrogé par Al Massae, les membres de la coordination ont déjà contacté, en plus des services des affaires étrangères, des responsables du BCIJ et de la DGSN. Ils comptent d’ailleurs poursuivre leurs démarches, dès la levée de l’état d’urgence, avec les chefs de groupes parlementaires.
Pour le moment, bien qu’ils disent ne pas disposer de statistiques exactes sur le nombre de Marocains bloqués en Irak et en Syrie, les membres de la coordination affirment travailler sur les dossiers de pas moins de 17 orphelins, 90 mercenaires (hommes), 180 enfants et une centaine de femmes.
Les chiffres réels sont beaucoup plus importants, insiste ce membre de la coordination cité par le quotidien.