Le Maroc multiplie les initiatives d’aide aux plus démunis
Face à la crise économique sans précédent générée par la pandémie du nouveau coronavirus, le Maroc déploie dans l’urgence des aides financières pour les plus démunis, avec des systèmes de paiement inédits.
Les premiers bénéficiaires ont retiré cette semaine de l’argent dans des distributeurs bancaires après avoir reçu un SMS, grâce à un dispositif spécial mis sur pied par les autorités avec l’aide des banques locales. Aider les populations vulnérables est toutefois une gageure, alors que le Maroc ne dispose pas des données nécessaires, la création d’un “registre social unifié”, prévue depuis des années, étant toujours en cours.
“Nous étions en phase d’études et de tests (…) quand la pandémie est arrivée comme un tsunami. Le problème, maintenant, est d’identifier les catégories sociales les plus touchées” pour opérer des transferts bancaires, dit à l’AFP Ahmed Halimi, le patron du Haut-Commissariat au plan (HCP), l’organisme statistique marocain.
Notre pays de 35 millions d’habitants compte un peu plus de trois millions de pauvres, selon les statistiques officielles. La pandémie s’ajoutant à la sécheresse, près de 10 millions de Marocains pourraient se retrouver dans une situation très difficile, selon la Banque mondiale.
Face à l’urgence, la première mesure a ciblé les salariés au chômage immatriculés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS): environ 800.000 personnes se sont déjà inscrites pour toucher des indemnités. Les trois quarts des travailleurs ne bénéficiant d’aucune couverture sociale, les autorités ont aussi utilisé un registre d’assistance médicale destinée aux ménages les plus démunis (Ramed), soit environ six millions de foyers.
Une plateforme électronique a été créée ex-nihilo pour permettre aux travailleurs du secteur informel de bénéficier d’aides jusqu’à 1.200 dirhams (73 à 110 euros, le salaire minimum tournant autour de 240 euros).
Restent tous ceux qui ne figurent sur aucun registre officiel et dont l’existence administrative se réduit à la carte d’identité. Une autre plateforme internet de déclaration a été lancée cette semaine. Toutes les demandes reposeront sur une déclaration sur l’honneur, avec des contrôles a posteriori.
“C’est une rupture majeure dans les procédures, mais on fait confiance car le plus important c’est que les gens aient l’essentiel pour vivre”, souligne Moncef Aderkaoui, du ministère de l’Économie. Aux aides financières, s’ajoutent un gel des factures d’eau et d’électricité et des reports de crédit à la consommation.
Parallèlement, les autorités développent des distributions alimentaires directes. Là aussi, la collecte de données est en cours, mais les tournées ont commencé, avec l’aide d’associations.
“L’État a fait appel au système D (…) et tout le monde s’est mobilisé”, souligne Omar Saadoun, un acteur associatif de Casablanca. Le coût des aides financières d’urgence, programmées à ce stade jusqu’à fin juin, sera financé par le fonds spécial créé sous l’impulsion du roi Mohammed VI.
Entre l’enveloppe débloquée par l’Etat et les dons des entreprises, 33 milliards de dirhams (2,9 milliards d’euros) ont été collectés. Au Maroc, la mise en place d’un système d’aides sociales pour les plus démunis est évoquée depuis 2013.
Mais le projet a tardé à voir le jour pour des raisons politiques. L’idée a été relancée en 2018 et un projet de loi est en attente d’examen au Parlement.
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