vendredi, avril 19, 2024
Société

Reprise des cours en septembre: les professionnels de l’enseignement privé en colère

Les professionnels de l’enseignement privé s’attaquent à nouveau au ministre de tutelle. Pour eux, Saïd Amzazi veut tuer l’école.




Les dernières décisions du ministre de l’Education nationale n’ont pas été appréciées par certaines organisations représentant les écoles privées. Et elles le lui ont fait savoir de la manière la plus déplorable. Pour ces organisations, maintenir fermées les écoles jusqu’en septembre, même si c’est pour le bien des élèves et de leurs proches, revient tout simplement à tuer l’école. En d’autres termes, pour ces représentants des patrons des établissements privés, les écoles auront des difficultés à convaincre les parents de payer les frais de scolarité de leurs enfants qui ne vont déjà plus à l’école, écrit le quotidien Al Massae dans sa livraison du jeudi 14 mai. Les mesures prises par le ministre vont, d’après ces organisations, affecter des milliers d’élèves à la prochaine rentrée.




Dès lors, la menace se fait à peine voilée. Cité par le journal, Taoufik Laâlej, président d’une association des écoles privées, affirme ainsi que le ministre a eu tort de prendre une telle décision, de manière unilatérale qui plus est. C’est là une excuse toute prête pour filtrer les élèves à la prochaine rentrée scolaire et ne garder, sans doute, que ceux dont les parents se seront acquittés de la totalité des frais de l’année en cours. D’ailleurs, observe le président de l’association, comment l’école publique pourra-t-elle absorber tous ces élèves qui viendront du privé, à moins d’un scénario de 70 élèves par classe? En clair, lance-t-il, l’école publique ne sera jamais capable d’absorber les élèves actuellement pris en charge par le privé, soit 17% de la totalité.




D’après ce même responsable, la fermeture des écoles jusqu’en septembre compliquera la situation des établissements privés qui tablaient sur une reprise des classes avant l’été, afin de pouvoir encaisser les frais de scolarité. D’autant, ajoute-t-il, que de nombreux parents d’élèves ont des arriérés de paiement depuis décembre. Les écoles privées, poursuit-il, auraient à peine recouvré, à ce jour, 10% de ces créances. Cette sortie médiatique ne tardera pas à faire réagir d’autres organisations. C’est ainsi, relève le quotidien, que l’Alliance de l’enseignement privé au Maroc, dominée par les islamistes, est actuellement en train d’étudier sa propre riposte à la décision du ministère. Cette association est d’ailleurs, rappelons-le, l’une des premières organisations professionnelles à avoir demandé à bénéficier du Fonds Covid-19.




De toute manière, estime Laâlej, l’enseignement privé ne devrait pas être approché de la même manière que le secteur public. Surtout que, selon ses dires, à peine 2,2% des écoles privées auraient les reins assez solides pour sortir indemnes de la situation actuelle. Bien sûr, les professionnels de l’enseignement privé ne se sont pas arrêtés au plan de retour aux classes décliné par le ministère. Ils ont également sévèrement critiqué l’enseignement à distance adopté depuis le 16 mars. Là encore, tout en faisant mine de mettre en doute les chiffres avancés par le ministère, ils disent s’inquiéter de savoir comment ils pourraient bien convaincre les parents de payer la totalité des frais de scolarité, alors qu’ils contribuent eux-mêmes de manière significative à l’apprentissage à domicile de leurs enfants.




À lire aussi:

Les écoles françaises au Maroc resteront fermées jusqu’à septembre





Enseignement supérieur: la reprise des cours fixée à septembre





Maroc: retour en classe en septembre, les épreuves du baccalauréat maintenues





Paiement des frais de scolarité: la controverse fait rage entre écoles privées et parents d’élèves





Des écoles privées violent l’état d’urgence sanitaire