vendredi, novembre 22, 2024
Société

À Marseille, Sarah Bellali, la chercheuse marocaine qui combat le Covid-19 aux côtés du Pr Raoult

La chercheuse Sarah Bellali travaille aux côtés du désormais célébré Pr Didier Raoult à Marseille. Cette Marocaine a réalisé de nombreuses prouesses scientifiques, notamment les premières photographies au microscope du coronavirus (Covid-19). 




Du haut de ses 27 ans, Sarah Bellali est l’une des première chercheuses au monde à avoir pris un cliché au microscope du Covid-19. Bien avant cette prouesse, c’est à Casablanca, sa ville natale qu’elle attrape un autre virus, la passion pour la microbiologie, confie-t-elle.
«Après un baccalauréat scientifique, j’ai opté pour des études en biologie à la Faculté des Sciences de Ben M’sik», nous explique Sarah Bellali, qui se dit «pur produit de l’école publique marocaine». Elle enchaîne avec un master international en sciences de la santé et du développement. Un master piloté par l’Université Aix-Marseille en partenariat avec l’Institut Pasteur du Maroc.
En 2015, cinq étudiantes, les plus brillantes de leur promotion, ont été sélectionnées pour effectuer leur stage de fin d’études à Marseille. Cette année-là, Sarah s’envole vers la cité phocéenne pour effectuer sa première expérience à l’étranger.





À l’Institut hospitalo-universitaire des maladies infectieuses de Marseille (IHU Méditerranée Infection), «chacune des étudiantes a opté pour un laboratoire différent, moi j’ai eu la chance de tomber sur le professeur Raoult», nous confie Sarah. De là, une grande affinité se crée entre l’étudiante et le professeur, qu’elle choisira à deux reprises comme encadrant. Une première fois pour son master et une deuxième pour sa thèse.




«Une véritable famille»

«Je me suis tout de suite sentie à l’aise. C’est principalement grâce au professeur Raoult qui n’accorde aucune importance aux différences entre ses collaborateurs. Le plus important pour lui, c’est le travail», affirme-t-elle. «Au laboratoire, nous sommes vraiment de toutes nationalités et de tous bords. Mais au-delà de ces détails, nous avons vraiment le sentiment d’être une famille», poursuit-elle.

Dans les locaux de l’IHU Méditerranée Infection où des études sont menées notamment sur le VIH, la tuberculose et le paludisme, plusieurs laboratoires spécialisée et ultrasécurisés cohabitent. Sarah travaille dans une «très petite équipe» de microscopie électronique. «Notre équipe s’occupe d’obérer (compromettre le développement NDLR) les virus de très près. Lorsque nous réussissons à les voir, nous utilisons alors ces données en les combinant avec d’autres techniques», explique-t-elle.

Mais en temps de pandémie, tous les chercheurs du monde sont sollicités. D’ailleurs à l’IHU tous les autres travaux ont été mis en veille pour concentrer tous les efforts sur le dernier. «Nous recevons des échantillons aussi bien positifs que négatifs au Covid-19. Ces échantillons passent alors par chaque laboratoire qui effectue des analyses spécifiques», nous explique la chercheuse.




Grâce à une technologie de pointe, Sarah et son équipe seront alors les premiers cherchers au monde à pouvoir observer et photographier le nouveau virus avant qu’il ne cause une pandémie mondiale. C’est grâce à un microscope électronique, qui permet de séquencer le génome d’un virus, que l’équipe réussit cette prouesse réalisant ainsi une avancée majeure pour comprendre ce nouveau virus.

Mais ce n’est pas tout, Sarah et son équipe travaillent actuellement sur un autre article scientifique porté sur la méthodologie à mener pour observer un virus, surtout lorsqu’il s’agit d’un nouveau virus à l’origine d’une épidémie, confie-t-elle.




La chloroquine un produit miracle ?

L’IHU de Marseille sera également derrière une autre découverte de taille, celle de l’efficacité de la chloroquine pour combattre ce même virus. Un antipaludéen pour lequel a opté le Maroc par exemple, mais qui divise encore le monde scientifique.

Sarah nous explique que la première étude a été menée en Chine, mais elle a uniquement porté sur la chloroquine. En effet, les études du professeur Didier Raoult portent sur une combinaison particulière, l’hydrixychloroquine associée à l’azithromycine.

«Le professeur Raoult connaissait déjà très bien ce traitement après avoir longtemps travaillé en Afrique, où cet antipaludéen est administré. Il a eu la brillante idée de combiner l’hydrixychloroquine, qui est moins toxique que la chloroquine, à l’azithromycine, un antibiotique qui a également des effets antiviraux», explique Sarah Bellali.

Un premier essai clinique est alors mené par l’équipe. «Nous avons administré à un groupe uniquement de l’hydroxychloroquine et à un autre ,nous avons administré cette association avec de l’azithromycine», explique-t-elle.

«C’est là où nous avons constaté que ceux qui ont été traités avec cette combinaison ont pu guérir rapidement. Leur charge virale a diminué en un temps-record, exactement six jours, alors que le portage viral est généralement de vingt jours», poursuit notre interlocutrice.





Interrogée sur les critiques portées sur les effets indésirables que peut provoquer ce remède, Sarah affirme que «tout traitement à un effet indésirable ou secondaire». De plus, «nous ne disons pas que c’est un traitement miracle, car le patient ne va pas guérir complètement. Le traitement ne vise que le virus. L’important c’est que l’état du patient ne s’aggrave pas et qu’il n’aille pas en soins intensifs», affirme la chercheuse.




Mal du pays

Mais alors que le débat entre scientifiques se poursuit un peu partout dans le monde, le Maroc a choisi d’opter pour ce traitement du docteur Raoult. Une décision saluée par la scientifique marocaine qui affirme que «toutes les équipes ici pensent que le Maroc a fait un choix très intelligent dans sa lutte contre ce virus». «Le Maroc a été très réactif en mettant en place des mesures draconiennes visant à réduire la propagation. De plus, lorsqu’on est en guerre comme maintenant, nous devons être rapides et s’accrocher à tout espoir et étude qui donne de bons résultats», estime Sarah Bellali.

«Au final, je crois que les pays qui ont gagné cette bataille sont les pays encore en développement, car n’ayant pas les moyens de combattre ce virus, ils ont décidé de prendre des mesures rapides et efficaces», affirme la chercheuse, estimant que «le Maroc va s’en sortir avec moins de dégâts que d’autres.»

Fière de son pays, Sarah ne cache pas vouloir rentrer au Maroc. «Si j’aurai eu le choix de faire mes recherches au Maroc, j’y serais restée, parce que la vie n’est pas facile ici. Je passe mes fêtes seule et je passerai encore un ramadan loin de ma famille. C’est pas du tout évident. Mais il fallait faire un choix», conclut la Casablancaise.




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