jeudi, mars 28, 2024
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L’Algérie reste sourde au nouvel appel lancé par le roi Mohammed VI

Comme en 2018, l’Algérie reste sourde au nouvel appel lancé par le roi Mohammed VI




Si l’appel du roi Mohammed VI pour tourner la page des différends n’a pas encore fait réagir le pouvoir en Algérie, la presse du voisin de l’Est a remis en doute les intentions du royaume et rappelé les derniers incidents, dont l’appel à l’autodétermination de la Kabylie et le Pegasus Gate.




Le dernier appel lancé par le roi à l’occasion de la fête du Trône n’a pas rencontrer d’écho au niveau de l’Algérie officielle. Ainsi, la présidence algérienne n’a pas encore réagi à la main tendue par Mohammed VI pour tourner la page des différends entre les deux pays. Même son de cloche de la part de la diplomatie algérienne.

Son chef Ramtane Lamamra s’est envolé vers le Caire pour réitérer la détermination de son pays d’accueillir l’édition 2021 du Sommet de la Ligue arabe après que le report de la précédente rencontre, prévue à Alger en 2020, suite à la pandémie du nouveau coronavirus.

Le ministre algérien des Affaires étrangères s’est ensuite rendu à Tunis pour rencontrer à nouveau le président Kaïs Saïd. L’appel lancé cette année par le souverain semble suivre le même chemin que celui de 2018, à l’occasion du 43e anniversaire de la Marche verte.

À l’époque, le souverain avait appelé à la création d’un «mécanisme conjoint de dialogue», en réitérant que le royaume est ouvert à toutes les initiatives «émanant de l’Algérie pour désamorcer le blocage».

Même mutisme du côté des partis politiques algériens, de la majorité comme de l’opposition. Aucune formation politique n’a daigné saluer le nouvel appel ou même le commenter.




La presse algérienne prend le relai

Une absence de réaction qui laisse place à deux tribunes publiée successivement, dimanche, par le média algérien Echorouk, connu pour sa proximité avec les généraux algériens.

Comme en 2018, la presse algérienne a critiqué l’initiative royale. Ainsi, la première tribune a choisi d’évoquer les pratiques «hostiles» et «quotidiennes» du Makhzen à l’égard de l’Algérie.

Intitulé «Makhzen… les canines du mal derrière le sourire de courtoisie», le texte pointe une «tentative d’embarrasser l’Algérie devant les pays arabes», en rappelant la sortie médiatique du Représentant du Maroc à l’ONU, Omar Hilale et son appel à «l’autodétermination du peuple kabyle» ou encore le fait que le royaume serait la source de «97% des cyberattaques visant les sites algériens».

«Si le Royaume du Maroc veut travailler sur la base de la confiance, du dialogue et du bon voisinage, comme indiqué dans le discours de Mohammed VI, alors les conditions de l’Algérie, selon notre propre évaluation, sont connues», estime son rédacteur qui ne manque pas de citer, parmi elles, «le respect de la position de l’Algérie sur le dossier du Sahara occidental».




La deuxième tribune s’est interrogée, pour sa part, si «la position du Makhzen vis-à-vis de l’Algérie» est «un choix stratégique ou une tactique de circonstance». Son auteur reprend presque les mêmes arguments pour critiquer les propos d’Omar Hilale et évoquer les dernières révélations sur le logiciel d’espionnage Pegasus.

Et conclure en avançant la théorie selon laquelle le «Makhzen aurait réalisé l’ampleur de sa bourde» en évoquant le dossier de l’indépendance de la Kabylie. L’agence de presse officielle algérienne, « Algérie presse service » (APS) a choisi, pour sa part, un traitement du discours royal à sa façon. Plutôt que d’évoquer le message royal, elle a plutôt relayé la réaction du Front Polisario.

Le mouvement séparatiste armé de Brahim Ghali a, en effet, publié un communiqué pour «commenter la teneur du discours prononcé samedi soir par Roi Mohamed VI».

Une occasion pour lancer un «appel au Royaume marocain afin de mettre un terme à son occupation et à ouvrir une page permettant l’établissement de la paix entre tous, sur la base du respect de l’union nationale et territoriale de chaque pays».