Il est déconseillé de se baigner dans 30 plages, durant cette saison estivale au Maroc
Les 30 plages où il vaut mieux ne pas se baigner au Royaume du Maroc
Le rapport sur la qualité des eaux de baignade, qui a concerné 175 plages à travers le royaume, déconseille de se baigner dans 30 plages, durant cette saison estivale. Il s’agit, entre autres, de 12 plages dans le Nord, 9 plages dans la Région Casablanca-Settat et 5 à Rabat-Salé-Kénitra. Les détails.
Le département de l’Environnement du ministère de l’Énergie, des mines et de l’environnement a présenté, en début de semaine, les rapports sur la qualité des eaux de baignade et de sable des plages du royaume.
Lors d’un webinaire, présidé par Aziz Rabbah, ministre de l’Énergie, des mines et l’environnement, Mohamed Elbouch, directeur du Laboratoire national des études et de surveillance de la pollution (LNESP), qui organise chaque année la campagne de surveillance de la qualité des eaux de baignade, en partenariat avec le Centre d’études et de recherches sur l’environnement et la pollution du Laboratoire public d’essais et d’études (CEREP/LPEE), a déclaré que l’opération de cette année a concerné 175 plages, contre 169 en 2019.
Par région, il s’agit précisément de 65 plages à Tanger-Tetouan-Al Hoceima, 35 à Casablanca-Settat, 18 à Rabat-Salé-Kenitra, etc.
175 plages examinées
Sur ce total, 145 plages ont été déclarées conformes à la nouvelle norme en vigueur, c’est-à-dire la NM 03.7.199 qui remplace officiellement à partir de cette année la NM 03.7.200, contre 30 plages formellement interdites de baignade cette année.
Par région, c’est Tanger-Tetouan-Al Hoceima qui totalise aussi le plus grand nombre de plages interdites à la baignade avec 12 plages, à savoir : Calabonita, Quemado, Sabadilla et Torres dans la province d’Al Hoceima, Azla dans la province de Tetouan, Martil dans la préfecture de M’diq-Fnideq, Ksar El Majaz (ex Ksar Sghir) dans la province de Fahs Anjra, Jbila III, Sidi Kacem, Asilah Port dans la préfecture de Tanger-Asilah et Petite Plage et Miami dans la province de Larache.
Elle est suivie par la Région Casablanca-Settat qui totalise 9 plages interdites de baignade cette année, notamment celle de Grand Zenata, Petit Zenata, Nahla Sidi Bernoussi, Nahla Aïn Sebaâ et Chahdia dans la préfecture de Casablanca, d’Essanawbar (David) dans la province de Benslimane, d’Ouled Hmimoune dans la préfecture de Mohammédia et d’Oued Merzeg dans la province de Nouaceur.
Au troisième rang, la Région Rabat-Salé-Kenitra compte 5 plages interdites de baignade cette année, en l’occurrence les plages de Temara, Val d’or et Aïn Atiq dans la préfecture de Skhirat-Témara, de Rabat dans la préfecture de Rabat et de Temara dans la préfecture de Témara.
Et en queue de peloton arrivent les régions de Souss-Massa, de l’Oriental et de Dakhla-Oued Dahab, avec respectivement, 2 plages interdites de baignade dans la première (Aghroud I et Agadir dans la préfecture d’Agadir-Ida-Outanan) et 1 plage non conforme dans la seconde (Saïdia dans la province de Berkane) et une plage interdite également dans la troisième et dernière (Likheira dans la province d’Oued Ed-Dahab).
Il est à signaler que ces 30 plages ont toutes été interdites de baignade à cause de l’importance des rejets d’eaux usées qui dépassent la norme tolérée.
La qualité des eaux de baignade est en effet impactée continuellement par les rejets des eaux usées, qui sont acheminées vers les plages directement (rejets illicites, défaillances des systèmes d’assainissement…) ou indirectement (charriage de la pollution par les cours d’eau ou par les eaux de ruissellement, transport de la pollution par les courants marins…).
C’est ainsi que dans le meilleur des cas, les eaux de ces plages sont devenues momentanément polluées (Catégorie C).
Dans le pire des cas, elles ont viré à la mauvaise qualité (Catégorie D). «Si moins de 20 prélèvements sont effectués par saison sur un point, un seul dépassement du nombre impératif suffit pour entraîner le classement en catégorie C.
Toutes les zones classées en catégorie D durant deux années de suite sont automatiquement interdites à la baignade, sauf si des améliorations significatives apparaissent», expliquent les auteurs du rapport.
4.976 prélèvements sur 461 stations
Les 175 plages de la campagne de surveillance des eaux de baignade de cette année ont fait l’objet de 4.976 prélèvements sur 461 stations.
Sur les 461 stations de prélèvements, seules 422 ont fait l’objet d’un nombre suffisant de prélèvements pour le classement, ainsi 370 stations (soit 87,68%) ont été déclarées de qualité microbiologique conforme aux exigences de la nouvelle Norme marocaine NM 03.7.199.
Comme les 30 plages interdites de baignade, les 52 stations (soit 12,32%) déclarées non-conformes pour la baignade subissent également l’influence des rejets d’eaux usées et/ou une forte concentration de baigneurs, conjuguées à l’insuffisance des infrastructures d’hygiène et aussi aux changements climatiques et particulièrement en ce qui concerne les apports en eaux pluviales parfois polluées, qui rejoignent directement les plages par le biais des cours d’eau.
Pour améliorer cette situation, les auteurs du rapport ont émis plusieurs recommandations (Voir encadré). Le LNESP et le CEREP/LPEE ont également passé au peigne fin cette année tout le sable des plages du littoral marocain.
Selon Asma Lahlifi du LNESP, sur 53 plages dans 9 régions administratives (22 sur la Méditerranée et 31 sur l’Atlantique), les catégories de déchets les plus prépondérantes sur les plages sont le plastique/polystyrène avec un taux de 84% et le papier/carton avec un taux de 4%.
Les sous-catégories dominantes de la première catégorie sont les «mégots et filtres de cigarettes» représentant 38% ; les «emballage de friandise/bâtonnets de sucettes sticks», représentant 17% et les «bouchons et couvercles en plastique, y compris les bagues des bouchons/couvercles», représentant également 17%.
Dans la seconde catégorie, les sous-catégories dominantes sont le «carton (boîtes et fragments)», représentant 28% et les «tasses, plateaux pour servir les aliments, emballages alimentaires, récipients à boire/gobelets», représentant 23%.
Pour diminuer ces déchets, les auteurs du rapport ont également émis plusieurs recommandations comme:
• la promotion du tri sélectif à la source en vue de valoriser les déchets recyclables comme matière première ou énergie (production d’électricité);
• impliquer les usagers des plages dans la démarche de protection de l’environnement par l’organisation d’ateliers ludiques afin de favoriser les gestes de tri,
• sensibiliser sur l’impact des déchets marins et d’inciter aux changements de comportements;
• mettre en œuvre des actions d’information permettant de sensibiliser les fumeurs en général et les usagers des plages en particulier sur l’enjeu écologique que présente un mégot de cigarette, etc.
Comment améliorer la qualité des eaux de baignade ?
• Proscrire tous les rejets illicites évacués directement dans les zones de baignade ou par le biais des exutoires pluviaux;
• Sensibiliser les propriétaires et gérants des différentes infrastructures touristiques (hôtels, cafés, restaurants, résidences…), localisées au droit de la plage à vidanger et entretenir régulièrement leurs fosses septiques afin de prévenir tout débordement ou infiltration des eaux usées et par conséquent la contamination des eaux de baignade;
• Inspecter régulièrement les réseaux d’eaux pluviales afin d’interdire les raccordements illicites des eaux usées
domestiques et leurs évacuations vers les plages;
• Prévoir des contrôles réguliers de l’état de fonctionnement des dispositifs d’assainissement, afin de prévenir les risques de pollution des eaux de baignade;
• Prohiber le déversement des eaux usées domestiques et/ou industrielles ainsi que le dépôt de déchets solides dans les cours d’eau et prévoir des solutions de traitement adéquates pour ces rejets.
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