vendredi, novembre 22, 2024
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(Vidéos) Confusion sur les prix des masques: des pharmaciens pris pour cible

Manque de stocks, conflits sur les prix pratiqués, pharmacies fermées par la police… L’annonce du port du masque obligatoire depuis hier, mardi 7 avril, a suscité beaucoup de remous entre consommateurs et distributeurs, en particulier les pharmaciens. 




Depuis hier, mardi 7 avril, le port de masques est obligatoire pour toutes les personnes autorisées à se déplacer hors de leur résidence dans des cas exceptionnels. Les autorités ont élargi la vente de ce produit aux épiceries et grandes surfaces, mais ces dernières ont rapidement été dévalisées. Grâce au soutien du Fonds spécial créé pour la gestion de la pandémie du covid-19, le prix de ces masques a été fixé à 0,80 dirham. Ce dernier élément a créé la confusion chez les consommateurs qui s’en sont pris aux pharmacies qui ne respectaient pas ce tarif.
« J’ai décidé d’arrêter de vendre des masques », témoigne, exténuée, une pharmacienne du quartier Hay Moulay Rachid, à Casablanca. « La police est venue vérifier à combien je les vendais ce matin. Je leur ai montré mes factures, ils ont bien vu que je ne faisais que quelques centimes de marge », raconte-t-elle. D’ailleurs dans son quartier, elle assure qu’au moins trois pharmacies ont été contrôlées ou fermées par les autorités dans la journée d’hier, mardi 7 avril, à cause des consommateurs qui leur signalaient des prix soit-disant au-dessus des normes.




« Les policiers n’ont pas été coopératifs. Une pharmacie a été fermée par les autorités parce qu’elle vendait le masque à 2,5 dirhams. Je rappelle juste aux consommateurs qu’il y a trois jours, il se vendait à 10 dirhams. Fermer un établissement sous prétexte qu’il rajoute 1 dirham, c’est scandaleux. On n’a déjà pas une marge folle. On ne fait que rendre service aux citoyens », s’indigne notre interlocutrice qui souligne que le problème se situe du côté des grossistes.
« Moi, par exemple je les ai achetés à 1,6 DH l’unité chez un premier grossiste et par solidarité nationale, je les ai revendus à 1 dirham seulement. Un second fournisseur me les a vendus à 1,8 dirham, sans vouloir me faire de facture ni de bon de livraison. Il argumente en disant qu’il a acheté ces masques soit-disant avant la subvention étatique… Il m’a fait comprendre que si je ne les prenais pas, quelqu’un d’autre les prendrait après moi », poursuit la pharmacienne, qui précise avoir gardé malgré tout un prix de vente de 2 dirhams seulement. « Et encore, c’est parce que nous n’avons pas assez de monnaie pour rendre 20 centimes à chaque fois ».




« Nous, pharmaciens, sommes prêts à vendre ces masques à prix coutant mais les grossistes nous en proposent à des prix qui n’ont rien à voir avec 80 centimes prix public. On se retrouve coincés avec les demandes de gens affolés depuis l’obligation du port du masque et leur non-disponibilité. Certes, tous les grossistes ne sont pas subventionnés mais nous ne savons pas comment nous organiser. Et les consommateurs râlent après les pharmacies comme d’habitude », se désole à son tour un autre pharmacien de Hay Moulay Rachid.
« Le port du masque obligatoire est une excellente décision de la part de l’Etat, mais désorganisée », renchérit sa consoeur. Les consommateurs qui se sont offusqués des prix pratiqués en pharmacies n’ont sûrement aucune idée des dessous de la chaîne de distribution. Pour mettre un terme à cette confusion, l’Autorité nationale des sociétés de protection des consommateurs et la Confédération nationale des syndicats des pharmaciens ont publié mardi 7 avril un communiqué qui précise qu’il est « normal pour un citoyen marocain de trouver des masques chirurgicaux dans les pharmacies à des prix qui dépassent ceux des masques de protection ».




En effet, les masques subventionnés vendus à 80 centimes l’unité sont « des masques de protection non tissés, destinés à des usages non médicaux, et qui sont conformes aux normes marocaines NMST 21.5.200 », soit des masques différents de ceux vendus en pharmacies. Ces dernières commercialisent quant à elles « d’autres types de masques (médicaux) soumis à la loi de l’offre et de la demande en fonction de leurs prix. Ces derniers ne doivent en aucun cas dépasser les limites de ceux couramment pratiqués », ont éclairci les deux organismes.
Dans sa communication sur les chaînes de télévision nationales dans la soirée du 7 avril, Moulay Hafid Elalamy a également précisé de son côté que les masques-bavettes vendus dans les grandes surfaces et les épiceries étaient conventionnés par l’Etat, a contrario de ceux vendus en pharmacies qui sont des masques chirurgicaux auxquels les prix réglementés ne s’appliquent pas. Le ministre de l’Economie a par ailleurs assuré qu’il n’y avait « aucun problème dans la distribution ». « Après une heure et demie, tout le stock a été vendu, car les gens ont acheté bien plus que leurs besoins. Mais ce n’est pas un problème, car le produit marocain sera disponible, on atteindra une capacité de production de 5 millions d’unités par jour et on approvisionnera le marché quotidiennement avec 5 millions de masques », a-t-il promis.














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